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Transdanses à Chalon-sur-Saône

Avec huit pièces à l’affiche dont quatre créations, le Festival Transdanses que Nicolas Royer, directeur de l’Espace des Arts, présente du 15 au 25 novembre, célèbre le croisement et le décloisonnement des esthétiques, et fait le plein d’énergie vitale

Le festival Transdanses de L’Espace des Arts, scène nationale de Chalon-sur-Saône, ouvre son édition 2022 avec la ferme intention de ne pas s’enfermer dans un style esthétique. Au contraire, il affirme « la volonté de partager avec le plus grand nombre l’énergie vitale du mouvement dans sa diversité et son actualité ». Réparti sur dix jours, il propose quatre créations et huit spectacles très différents mais qui tous, marquent la diversité du paysage chorégraphique actuel.

Il ouvre ses portes avec Une nuit entière, une pièce créée à quatre mains par Tatiana Julien et Anna Gaïotti. Si l’on connaît bien la première, artiste soutenue par l’Espace des Arts depuis de nombreuses années, dont le volcanique Soulèvement a assuré le succès, la seconde, chorégraphe, danseuse et écrivaine, issue de la performance, travaille à partir de ses expériences de vie. Ensemble, elles inventent au milieu d’un espace circulaire, au cœur du public, comme un foyer autour duquel on se réchauffe. Un double corps d’où sourd des voix étranges et envoûtantes, qui racontent, de leurs gestes imbriqués, la mémoire tentaculaire des chimères et des déesses tueuses. Leur duo développe une écriture chorégraphique fondée sur le temps suspendu, les corps-à-corps imbriqués, la cohabitation des gestes. Programmé sur deux jours, le spectacle est suivi ou précédé de Desorden, la performance de 15 minutes pour rollers et batterie de Justine Berthillot et Xavier Roumagnac entre rite pop obscur et défi de la pesanteur.

C’est le brillant Marco da Silva Ferreira, qui prend la suite, avec dix interprètes qui cherchent à cerner une identité commune en partant de leur univers familier. Comme souvent, il mêle à des danses ethniques ou folkloriques, des danses urbaines, du clubbing ou de la danse contemporaine pour conforter un style qui n’appartient qu’à lui. Dans CARCASS il s’adjoint la batterie de João Filipe et la musique électronique de Luis Pestana qui créent une bande-son en direct. De ces deux univers le chorégraphe portugais fait naître une communauté vibrante et rebelle, une physicalité sensuelle, des pas complexes d’une énergie folle, et réunit sur scène un condensé d’humanité.

Le samedi 19 verra un beau doublé sportif avec Le Tir Sacré de Marine Colard qui s’inspire de l’imaginaire olympique et de ses commentateurs stars pour livrer une pièce très originale (voir notre reportage vidéo exclusif), suivi de A nos combats, la dernière création de Salia Sanou suscitée par The Rumble in the Jungle, soit le célèbre match entre Mohamed Ali (alias Cassius Clay) et George Foreman en 1974 (lire notre critique).

Et le mardi 22 le public pourra assister à la très attendue création de Nach, figure incontournable du KRUMP, Elles disent, sa première pièce de groupe. Composée dans la complicité avec ses quatre interprètes, Elles disent, la révolte et la libération des corps pluriels et invite d’autres femmes à se saisir de leurs corps érotique et politique. A la croisée d’un krump épuré et magnifié, du hip-hop, du flamenco et de la voix, Nach tisse des récits de corps singuliers.

Enfin, et pour clore ce festival haut en couleurs, la création de Sarath Amarasingam,, artiste franco-sri-lankais, nous raconte avec ses deux danseurs et un musicien live au plateau l’histoire de Ganesh, un personnage qui cherche à trouver sa cohérence dans sa double culture. Conçu comme un conte spirituel. La Compagnie Advaïta L y mêle récit et danse pour poser un regard réfléchi et philosophique sur ce qui nous entoure et notre monde intérieur. Avec son un vocabulaire chorégraphique hybride, qui conjugue danse indienne, contemporaine, hip-hop, et pratique somatique, il nous entraîne dans un récit initiatique.

Et pour finir en beauté, Bugging d’Etienne Rochefort mixe break dance, popping, freestyle, voguing, house dans un spectacle organique et pulsionnel ! (lire notre critique, notre entretien et consulter les épisodes de la série Bugging !)

Rendez-vous donc à l’Espace des Arts pour partager toutes sortes d’émotions, de passions, de rites, qui nous rendent vivants et heureux !

Agnès Izrine

Festival Transdanses, Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, du 15 au 25 novembre 2022.

 

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