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Festival Transdanses à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône

Une soirée d’ouverture pleine de découvertes et d’émotions !

Avec 11 pièces à l’affiche dont des créations, le Festival Transdanses célèbre le croisement et le décloisonnement des esthétiques, des formes et des disciplines avec la volonté de partager l’énergie vitale de l’art du mouvement dans sa diversité et son actualité.

Dans le salon panoramique situé tout en haut du bâtiment et doté d’une vue splendide sur tout Chalon, la danseuse et circassienne Justine Berthillot a ouvert cet événement. Ce cadre tout à fait approprié avec sa pièce, Notre forêt, est orné de part et d’autre de longues lianes vertes et à son entrée, chaque spectateur est doté d’un casque audio. 

Alors que nous sommes totalement immergés dans un magique univers sonore composé de témoignages, de musiques et de chants ou cris d’animaux recueillis en Amazonie par Félix Blume, la très belle jeune femme convoque la figure de La Curupira, une créature mythologique du folklore brésilien. 

Entre exploit corporel et une danse gracieuse mais extrêmement physique, l’excellente interprétation de Justine dessine parfaitement bien cette gardienne intemporelle de la forêt, homme et femme à la fois, humaine et animale, réelle et immatérielle, dangereuse et protectrice. En corrélation avec les sons, sa puissance et sa sensibilité dénoncent sans équivoque les désastres de la forêt amazonienne engendrés par les hommes. Tel un cri d’alarme, ce magnifique et intelligent spectacle immersif et visuel pose la bonne question sur l’inconscience d’une partie de l’humanité sur l’état de notre planète. Splendide ! 

La pièce est suivie au studio noir par Bien Parado de et avec Jane Fournier. Dans un décor qui fait songer à un parking souterrain, la danseuse et chorégraphe incarne la Femme en ouvrant un dialogue entre dogme et liberté, construction et déconstruction, musique sacrée et musique électronique, danse Sévillane et contemporaine. Accompagnée en direct par le musicien compositeur Cédric Froin, elle passe de l’expression de révolte à la séduction avec un aplomb étonnant. Les arrêts sur image des métamorphoses du mouvement dansé et des états d’âme sont impressionnants !

La soirée se termine avec la création de Célébration d’Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou. Sur un plateau entièrement blanc, seule une petite ouverture centrale de face diffuse de la lumière est l’accès des trois danseurs et du musicien. 

C’est à la sortie du confinement que le couple de chorégraphe a conçu cette pièce qui célèbre la communion des états de corps, et, bien entendu, du bonheur de danser à nouveau ensemble. (lire notre entretien

En s’inspirant de Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes, c’est effectivement par étapes que s’épanouissent les solos, duos et trios. Un par un, les interprètes Johanna Madonnet, Fabio Dolce et Stéphanie Pignon se mettent progressivement en lumière dans une chorégraphie d’une infinie douceur afin de renouer avec son corps, ses équilibres, ses déplacements, ses tours, l’endurance et sa confiance en soi après tant de mois d’abstinence. Très présent, le guitariste et chanteur Jean-Noël Françoise accompagne tout d’abord délicatement ces état d’âme et de corps. 

Une fois réconfortés, la tendresse, le raffinement et les sensibilités évoluent dans des duos où élévations et suspensions rapprochent les êtres. Se frôler, se toucher, mais refuser pour l’instant toute charge émotionnelle. Il faut tout d’abord danser ces fragments de vie.

La lumière se renforce et le chant et la musique s’imposent pour finalement évoquer une joyeuse communion entre ces quatre excellents artistes dont les étreintes, la chaleur humaine, l’amitié dessinent la joie de sortir enfin des ténèbres.

Un travail très précis, d’infinis détails, de remarquables interprètes aux fortes personnalités dans une sensible et émouvante création en noir et blanc dont la progression dramaturgique parle, aujourd’hui, à tous et toutes. En abordant l’intime des artistes dans leur relation au corps dansé, Aïcha et Hafiz signent une œuvre magnifique délicate et frappante d’intelligence.

Sophie Lesort 

Spectacles vus le 16 novembre 2021 à l’Espace des Arts

Image de preview : Célébration d’Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou © Blandine Soulage

Notre forêt :
De et avec Justine Berthillot
Installation plastique : Maëva Longvert
Matières sonores et témoignages : Félix Blume
Création sonore : Ludovic Enderlen
Création Lumières : Aby Mathieu
Regard extérieur : Mosi Espinoza

Bien Parado : 
Chorégraphie et interprétation : Jane Fournier 
Composition et interprétation : Cédric Froin 
Dramaturgie : Anaïs Blanchard, Lise Messina
Regards précieux : Loulou Carré 
Costumes : Julie Honoré 
Scénographie, création lumière : Jordan Bonnot

Célébration :
Conception et chorégraphie : Aïcha M’Barek et Hafiz DhaouInterprètes : Johanna Madonnet, Fabio Dolce, Stéphanie Pignon
Musique : Jean-Noël Françoise
Lumières: Xavier Lazarini
Costumes : Aïcha M’Barek

En tournée le 31 mars 2022 à l’Esplanade du lac à Divonne-les-Bains 

Transdanses jusqu’au 26 novembre : https://www.espace-des-arts.com/

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