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Création de « Seeds » de Carolyn Carlson

« C’est mon Petit Prince », dit Carolyn Carlson en souriant. Elle a raison, Seeds (retour à la terre) est une belle réponse chorégraphique à Saint-Exupéry. Humanisme tendance écologiste, imaginaire apparemment naïf mais profond, et la présence du dessin au cœur de l’œuvre font de cette pièce pour spectateurs à partir de huit ans une suite très inspirée au conte allégorique de l’aviateur.
Le « Petit Prince » de Seeds s’appelle Elyx, petit humain composé des traits les plus élémentaires, crée par Yacine Aït Kaci alias YAK, qui l’a mis sur orbite comme si un enfant lui avait demandé : « Dessine-moi un bonhomme! ».  Dans Seeds, Elyx vit ses aventures sur grand écran, voit pousser un arbre sur une planète grise ou plane sur un nuage d’où il fait pleuvoir les graines pour semer la vie sur terre.

Chinatsu Kosakatani et Ismaera Takeo forment un couple dont chaque geste, chaque  mouvement respire une harmonie naturelle avec son environnement. Ils épousent les lignes simples et dégagées du corps-trait d’Elyx, mais sur le plateau c’est le mime Alexis Ochin qui représente le petit aventurier dessiné et se glisse complètement dans la gestuelle de cette présence allégorique.

Certes, Ochin ne va pas jusqu’à jongler avec sa propre tête, comme Elyx sait le faire, mais son dos et ses membres peuvent épouser la ligne courbe et régulière des traits de YAK. Seeds sème son message en posant moult question au merveilleux et à la botanique, dans un univers où rien n’est jamais explicite. On est loin des simplifications et des raccourcis, trop souvent à l’œuvre quand il s’agit de créer pour enfants. La richesse des images et des sensations de Seeds devraient avant tout stimuler l’imagination et la créativité des jeunes spectateurs. Mais pas que…


Les adultes peuvent se laisser porter, et ils ont autant de possibilités à interpréter ces personnages, leurs allégories et leur univers aventurier, mystérieux et parfois mythologique. Si Kosakatani, plutôt éthérique, peut incarner l’air, Takeo serait la terre alors qu’Ochin représenterait le végétal.

En fait, tout le décor est ici d’origine végétale, car en papier kraft. Les arts plastiques prennent une part toute aussi importante que le dessin. Et tous ces arbres ou rochers imaginés et réalisés par Gilles Nicolas s’animent merveilleusement sous les éclairages de Guillaume Bonneau, quand les effets les plus surprenants les transforment en matière vivante.

Seeds est une pièce tous publics, comme Le Petit Prince peut nous enchanter à tout âge. Car Carlson amène les jeunes vers les univers chorégraphiques des adultes, dans une véritable école du regard, offrant énormément de matière poétique à débattre entre enfants et entre les générations.

Thomas Hahn

 

Seeds
création au Théâtre National de Chaillot, du 13 au 24 janvier 2016

Chorégraphie : Carolyn Carlson
assistante chorégraphique : Sara Orselli
interprétation : Chinatsu Kosakatani, Ismaera Takeo Ishii, Alexis Ochin, ELYX (animé par YAK)
création vidéo, animation : Yacine Aït Kaci (YAK)
musique originale : Aleksi Aubry-Carlson
création lumières : Guillaume Bonneau
création costumes : Olivier Mulin
réalisation costumes : Fatima Azakkour
Ismaera porte un ensemble Arnaud Lazérat
accessoires et décors : Gilles Nicolas
 

 

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