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Une saison à la Maison

Une saison qui vient de s'achever sans bouleversement, une autre qui commence sans heurt… L'air de rien, un peu de tranquillité ne nuit pas, d'autant que c'est l'occasion de vérifier qu'il se passe toujours quelque chose à la Maison de la danse de Lyon.

Curieuse saison que celle qui s'ouvre pour la Maison de la danse de Lyon. Une saison normale qui vient de s'achever, enchaîne avec la sérénité d'une année « entre-biennale » et la possibilité pour Tiago Guedes, (son directeur depuis septembre 2022) de pouvoir développer concrètement son projet sans que les événements extérieurs n'imposent leurs contraintes. Une saison qui permet de tirer les conclusions de la précédente sans stress, de rappeler que la MAD (pour Maison Ateliers de la Danse) c'est 6478 abonnés (dont 771 abonnements -30 ans ), 146 levers de rideaux, avec un taux de remplissage à 94%, soit environ 110000 spectateurs par an. Et que cette précision est importante à garder en mémoire car cette institution ne peut pas, statutairement, faire de déficit !normal; Et une saison comme un temps de respiration avant que tout ne s'emballe à nouveau avec la Biennale « nouvelle formule » (qui sera installée au Grande Loco, un nouvel espace gigantesque) et les travaux des Ateliers de la danse qui auront commencé et battront leur plein (ils doivent être livrés pour avril 2027).

L'occasion est donc précieuse pour voir ce que signifie ce concept de « maison de toutes les danses » que défend le directeur ! Et de fait, même si on s'amusait à le taquiner en soulignant qu'il s'agit « des » danses depuis seulement trente ans, toutes y sont ou presque… En tout, quarante-neuf compagnies venues de quatorze pays (France, États-Unis, Irlande, Hongrie, Royaume-Uni, Lituanie, Canada, Portugal, Espagne, Tunisie, Brésil, Pays-Bas, Belgique, Mexique).Ce qui n'empêche pas de rester particulièrement attentif aux situations locales puisque treize compagnies viennent de la région. Dans cet ensemble très riche, difficile de pratiquer la sélection ! Alors autant se fier aux choix assez éclectiques du directeur qui souligne Rapides de Bruno Benne (23 et 24 janvier) : "Un chorégraphe jeune donc assez peu connu, mais qui propose une œuvre très maîtrisée, très écrite, subtile, qui s'appuie sur les grands principes de la danse baroque, mais dans une logique résolument contemporaine" explique le directeur convaincu [lire notre critique] Autre conseil, mais il a été déjà extrêmement suivi, puisqu'il semble qu'il n'y ait plus de place à vendre, le Ballet de Lorraine avec le programme combinant Static Shot [lire notre critique] de Maud Le Pladec et A Folia [lire notre critique] de Marco Da Silva Ferreira (du 15 au 18 janvier), occasion de rappeler qu'il faut toujours tenter sa chance au dernier moment, les bonnes surprises sont fréquentes. 

Autre recommandation, dans un style résolument différent, Mirlitons de François Chaignaud & Aymeric Hainaux [lire notre critique], rencontre entre l'inclassable artiste en résidence à la MAD et jamais autant à son affaire que dans les explorations entre formes spectaculaires et pratiques festives, et un incroyable beatboxer, poète et dessinateur, pour un duo qui est déplacé – et remis à sa place – dans une boîte de nuit lyonnaise, Le Sucre (20 et 21 février). À cette sélection « directoriale », quelques coups de cœurs. Il faut se dépêcher de prendre des places pour le Deep River d’Alonzo King (Du 5 au 10 novembre). Chacun des douze interprètes de la compagnie pourrait prétendre à un poste de super-soliste à peu près n'importe où, mais ils ont choisi de s'investir dans cette compagnie qui offre à des danseurs afro-américains la possibilité de démontrer que le style académique leur va particulièrement bien !

Et, dans un style radicalement différent, ne pas manquer le retour à Lyon du NDT 2, la compagnie  junior du Nederlands Dans Theater (grande troupe longtemps dirigée par Jiří Kylián), composée de jeunes interprètes de 18 à 25 ans, dont la maîtrise renvoie bien des compagnies senior à leurs chères études, d'autant qu’elle s'emploie à défendre deux pièces de deux phénomènes : d'une part Marcos Morau, le fondateur de La Veronal, grand chorégraphe espagnol qui avec Folkå propose un genre de folklore inventé excessif et hypnotique, et d'autre part Botis Seva, jeune talent de la danse anglaise, issu du hip-hop qui proposera une création toute nouvelle (Du 13 au 16 mai).

Et pour profiter au mieux des spectacles, la MAD propose depuis l’an dernier un  rendez-vous gratuit d’avant spectacle qui permet de revenir en vidéo et en trente minutes sur la carrière d’un artiste, d’un courant de danse ou d’une thématique en lien avec le spectacle du soir. Or ce rendez-vous, parce qu'il est conçu à partir du fonds d’archives et d’images issues de la plateforme Numeridanse, souligne la dynamique et l'importance de cette pépite nichée au cœur de la MAD et qui compte à ce jour 4986 vidéos disponibles ! Ces documents, en accès gratuit via internet, ont attiré 570 354 utilisateurs en 2023 (+8,9%)…

Un succès qui ne se dément pas et qui explique qu'une nouvelle interface va être dévoilée avant la fin de l'année, renouvelant l'expérience utilisateur d'une des plus grandes réussites de l'institution lyonnaise ! Comme quoi, même en période de tranquillité, il se passe toujours quelque chose à la Maison…

Philippe Verrièle

Photo de preview : A Folia de Marco Da Silva Ferreira  par le CCN-Ballet de Lorraine  © Laurent Philippe

Saison de la Maison de la Danse

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