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Les Promus de l'Opéra : Ida Viikinkoski

Ida Viikinkoski a été promue coryphée au 1er janvier 2015 lors du dernier Concours de promotion interne de l’Opéra de Paris.

Danser Canal Historique : Vous avez un parcours un peu particulier car vous êtes arrivée récemment à Paris…

Ida Viikinkoski : J’ai commencé la danse en Finlande dans une petite ville à une centaine de kilomètres d’Helsinki. À 9 ans, je suis entrée à l’école de danse de l’Opéra de Finlande et j’y suis restée jusqu’à 16 ans. C’est alors que j’ai suivi un stage d’été dans mon pays où Mademoiselle Platel et Monsieur Romoli donnaient des master classes. Il m’ont demandé si je voulais venir tenter ma chance à Paris et passer une audition pour l’École de danse de l’Opéra de Paris.
Je suis donc arrivée en septembre 2011. Ils m’ont acceptée et j’ai commencé en 1ère division où je suis restée un an stagiaire avant d’être vraiment éléve la seconde année. En 2013 je suis entrée dans le Corps de ballet sur concours.

DCH : Comment avez-vous vécu votre arrivée en France, à l’École de danse de l’Opéra ?

Ida Viikinkoski : Au début, c’était très difficile. Ma famille, mes amis étaient restés en Finlande, j’ai déménagée toute seule ici. Je ne connaissais ni le pays, ni la langue. Je ne parlais pas un mot de français, mais à l’École, comme on ne parle qu’en français, j’ai été obligée de comprendre. J’ai suivi des cours pendant deux mois et le reste, ce sont les amis qui me l’ont appris en les écoutant.
À l’École, étant à l’internat je ne voyais pas trop l’extérieur, sauf quand je rentrais le week-end dans ma famille d’accueil. Ensuite, j’ai découvert Paris, tellement immense par rapport à la pettie ville de 40 000 habitants d’où je viens.

DCH : Vous attendiez-vous à être engagée dans la troupe de l’Opéra de Paris ?

Ida Viikinkoski : Ça a été une grande surprise d’entrer dans le Corps de ballet, j’étais très heureuse. Mes parents m’ont encouragée, même si j’imagine que ça n’a pas dû être si facile pour eux de me voir partir, mais nous ne sommes qu’à trois heures de vol.

DCH : C’était donc votre premier concours de promotion interne, comment l’avez-vous vécu ?

J’ai été étonnée d’être promue car c’était mon premier concours donc je ne savais pas trop quoi en attendre. Je ne ressentais pas trop de pression à cause de ça, si je l’avais raté, j’aurais pu recommencer l’an prochain. Du coup, je me suis bien préparée. J’étais satisfaite de mes variations et j’ai pensé que j’allais m’éclater sur scène et montrer ce que je savais faire. Je trouvais génial de pouvoir choisir ma variation. Mais le moment où l’on attend dans les coulisses reste hyper stressant. Et c’est un moment étrange. Il y a des gens dans la salle mais pas d’applaudissements.

DCH : Pourquoi avez-vous choisi la variation Le Printemps dans Les Quatres Saisons de Jerome Robbins ?

Ida Viikinkoski : Je l’ai choisie parce qu’elle est très dansante. Donc je pouvais y aller, montrer ma personnalité. C’est une variation souriante, heureuse. Je ne la connaissais pas particulièrement auparavant, mais je l’avais vue et j’ai tout de suite voulu la danser.
L’imposée, le Pas de trois du Lac des cygnes version Noureev, était très difficile, très technique, donc je voulais montrer autre chose.

DCH : Qui vous a préparée pour ce concours ?

Ida Viikinkoski : J’ai été coachée par Wilfried Romoli. Je travaille avec lui depuis mon entrée à l’École de danse et je le trouve formidable. Et pour la première fois j’ai aussi répété avec Laurence Laffon. Je l’avais demandée parce que j’aime beaucoup son travail, c’est une très belle danseuse et j’ai pensé que ce serait bien d’être conseillée par quelqu’un de l’Opéra. Elle m’a acceptée. Et pour Le Printemps, j’ai travaillé avec Carole Arbo. C’est l’experte de Robbins. Elle a changé ma vision de cette variation.

DCH : C’est-à-dire ?

Ida Viikinkoski : J’ai tendance à utiliser beaucoup de force tout le temps. C’est une qualité, mais aussi un défaut car je ne sais pas toujours doser ou la placer au bon endroit et au bon moment. Or Robbins voulait vraiment que l’on exécute cette variation comme si l’on se promenait à la campagne au printemps. Il fallait donc tout faire légèrement, en souplesse. Moi, j’étais trop concentrée sur l’aspect technique. Grâce à Carole Arbo j’ai réussi à changer et c’était beaucoup plus facile ensuite, notamment les tours en les faisant légers et en laissant mon corps respirer.

 Ida Viikinkoski dans Pantin de Samuel LeBorgne (c'est la jeune fille aux cheveux frisés)

DCH : Et maintenant, avez-vous le temps de profiter de la Capitale ?

Ida Viikinkoski : Maintenant j’habite seule. On travaille beaucoup, j’ai peu de temps libre, mais quand ma famille vient me voir j’en profite pour faire du tourisme. Et maintenant que je parle mieux français je vais aussi plus souvent au théâtre et au cinéma. J’ai été aussi voir des spectacles au Châtelet et au Théâtre des Champs-Élysées. J’ai également vu au Théâtre national de Chaillot le Dutch National Ballet dans un ballet de Jiří Kylián que j’ai trouvé magnifique. J’adore le néo classique et le contemporain et je vais souvent voir Kylián, Balanchine, Robbins ou Forsythe. J’ai découvert récemment Anne Teresa De Keersmaeker quand l’Opéra a repris Rain et j’ai beaucoup aimé. Je voudrais voir ses autres pièces.

DCH : Qu’aimez-vous faire lorsque vous ne dansez pas ?

Ida Viikinkoski : J’aime beaucoup le sport. Quand j’étais petite, je faisais du foot, du tennis, du ski, de la natation. Bref, je suis très sportive. Et j’aime bien aussi partir et marcher sans savoir ou je vais. Surtout à Paris. Il y a des endroits tellement beaux. J’ai découvert les petits passages non loin de l’Opéra et aussi le quartier du Canal Saint-Martin que j’adore et où les touristes vont peu. C’est très différent de la Finlande où la nature est magnifique, avec ses lacs, ses forêts… C’est vrai que parfois, ça me manque un peu.

Propos recueillis par Agnès Izrine

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