Ballets aux Arènes, Malandain Ballet Biarritz
Pour investir par la danse - une première - le cadre imposant des Arènes de Bayonne et relever le défi d’une jauge de huit mille cinq cents personnes, il fallait un pied ferme et un cœur généreux. Pari tenu haut la jambe le 5 août par le Malandain Ballet Biarritz.
En trois pièces emblématiques, la compagnie couronnée du Prix de la Critique 2017 a fait de cet espace dévolu à la tauromachie le plus beau des plateaux. Cet événement exceptionnel avait lieu avec le soutien de la Communauté d’Agglomération Pays Basque, de la Diputación Foral de Gipukoa et de la ville de Bayonne, associées pour accompagner le développement du Ballet dans le Pays Basque Nord après dix années de collaboration transfrontalière avec le sud de la province.
Il venait clore une saison riche de plus de cent représentations et saluée par près de quatre-vingt mille spectateurs en France et dans le monde, qui fait du Malandain Ballet Biarritz l’une des compagnies françaises les plus vues et les plus présentes.
Le programme reprenait trois des grands succès de la troupe, Une dernière chanson, Estro et Boléro, respectivement créés par Thierry Malandain en 2012, 2014 et 2001.
En avant-première, l’ensemble traditionnel Bilaka, pôle de production chorégraphique de la Fédération de danse basque dirigé par Mathieu Vivier, faisait découvrir trois extraits de ballets traditionnels témoignant à la fois d’une authenticité virtuose, notamment dans le travail du bas de jambe, et d’un intelligent regard contemporain.
Estro photos Olivier Houeix
Compte tenu de la configuration en cercle des Arènes, les déplacements des interprètes avaient été revus afin d’équilibrer les angles de vue du public sans que, dans l’ensemble, ces modifications ne nuisent aux œuvres. Ainsi, des trois pièces de Thierry Malandain, c’est paradoxalement la plus chorégraphiquement complexe, Estro, qui tirait de ce dispositif la meilleure part. Enchâssée tel un joyau entre les deux autres pièces, la superbe variation inspirée à Thierry Malandain par le Stabat Mater et l’Estro Harmonico de Vivaldi brillait d’un nouvel éclat. Le jeu des lanternes portées par les danseurs dans la nuit basque, l’inventivité de la gestuelle, qu’elle s’inspire d’un classique ciselé ou d’un joyeux lâcher prise contemporain, la musique tour à tour dramatique et allègre suscitaient des applaudissements enthousiastes.
Une dernière chanson photos Olivier Houeix
En ouverture, Une dernière chanson sur des mélodies françaises interprétées par Le Poème Harmonique de Vincent Dumestre réussissait, sur la scène nue des Arènes, à installer la délicieuse fragilité de son propos, entre nostalgie du temps qui passe et permanence des émotions. Sans doute la pièce est-elle plus adaptée à un théâtre fermé qu’à un spectacle en plein air, mais son charme subtil, porté par la grâce des accords ou des dissonances entre paroles, musique et mouvements des danseurs emportait la mise.
Bolero photos Olivier Houeix
Final en beauté avec le toujours populaire Boléro de Ravel, même si la chorégraphie tendue sur le fil de Thierry Malandain enfermait les douze interprètes dans un espace clos et restreint là où, compte tenu du lieu, on eut aimé un ample déploiement des gestes et des corps. Après deux heures intenses au cours desquelles on n’avait même pas senti, tant l’on était captivé, la brise frisquette qui soufflait par instants sur Bayonne, la soirée s’achevait sur les ovations d’un public reconnaissant aux danseurs et aux organisateurs d’avoir fait de ces premiers Ballets aux Arènes une véritable fête populaire.
Isabelle Calabre
Pour retrouver le Malandain Ballet Biarritz, rendez-vous les 9, 10 et 11 août à 21h à la Gare du Midi de Biarritz pour trois représentations de La Belle et la Bête dans le cadre des Estivales 2017.
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