Error message

The file could not be created.

Add new comment

Temps forts au Temps d’Aimer

Quatre spectacles très divergents qui oscillent entre danse contemporaine et néoclassique présentés les 10 et 11 septembre au Temps d’Aimer la danse à Biarritz

Le vent souffle fort à Biarritz et les surfeurs s’en donnent à cœur joie face à la plage du Casino quasiment vide tant le ciel gris est annonciateur d’ondées. Fort heureusement, la douceur de la température permet au public de rejoindre en marchant les théâtres tout en admirant les magnifiques couleurs de l’océan.

Au théâtre du Colisée, découverte de la création de Robinson Cassarino qui signe Petites choses. Danseur remarqué chez Hofesh Shechter et repéré par le grand public dans le film En corps de Cédric Klapisch (2020), il propose sa première chorégraphie.

Sur scène, alors que Helena Olmedo Duyslaeger et Benoît Coucho sont cachés par un parapluie, ce sont leurs mains qui se cherchent et s’enlacent comme des marionnettes au dessus de l’objet. Elle et lui font déjà ressentir un amour puissant empreint de sensualité. Une fois les deux êtres dévoilés, la chorégraphie extrêmement technique et variée est construite à partir de multiples oscillations saccadées ou amples qui composent des images splendides tant la complicité et les sentiments des deux amants sont évidents.

L’objectif de Robinson Cassarino est de séquencer les états d’âmes à l’aide de lumières directes dirigées sur le couple. L’idée est intelligente, sauf que le parapluie trop présent par la suite et le surplus de jeux d’éclairages, évincent quelque peu la qualité artistique de ce formidable duo qui représente la fougue amoureuse de la jeunesse si bien dessinée par les corps toujours en mouvements et surtout fort bien interprétée. Robinson est un créateur à suivre !

Le soir, au Théâtre du Casino, place à El Lago du chorégraphe espagnol Victor Jimenez qui revisite le mythique Lac des cygnes sur la musique de Tchaïkovski. Alors que la salle et le plateau sont totalement enfumés, on aperçoit un couple en maillot et bonnet de bain. Puis un projecteur au sol en fond de plateau déploie de hautes lignes bleues, qui, se mélangeant avec la fumée, évoquent l’eau limpide d’une piscine. Six autres danseurs entrent en scène vêtus de façon identique au premier couple.

Sur la musique si connue par la majorité du public, le ballet se poursuit dans un style néoclassique parfois déjanté qui pourrait annoncer une caricature du Lac des Cygnes.  Sauf que  de fil en aiguille cela ne semble pas du tout être l’objectif du chorégraphe. Pour autant, les interprètes sautent, se portent et virevoltent allègrement. Mais pour qui ne connaît pas l’histoire de ce ballet légendaire, il est difficile de comprendre l’apparition de danseurs coiffés de bonnets de bains recouverts de plumes blanches, puis, finalement, d’un couple doté du même ornement en plumes noires. Toujours est-il que les spectateurs applaudissent avec ferveur cette histoire qui se déroule autour et dans une piscine olympique. Il manquait juste le quadruple médaillé d’or Léon Marchand pour que les acclamations soient à leur comble !

De Berlioz à Lucinda Childs

C’est au théâtre Michel Portal de Bayonne que le Ballet de l’Opéra Grand Avignon et la compagnie La Parenthèse présentent Les Nuits d’été. Une invitation au voyage chorégraphiée par Christophe Garcia qui tisse un fil séduisant entre le romantisme et notre époque.Cet ensemble de six mélodies composées par Hector Berlioz à partir des poèmes de Théophile Gautier, est interprété par la mezzo Anna Reinhold  entourée de six musiciens et de sept danseurs. [notre critique].

Chaudes et langoureuses, sombres et déchirantes, ces nuits dessinent une cartographie du tendre portée par l’union des artistes. Avec l’élan, la fougue et l’énergie qu’on lui connait, le chorégraphe signe une œuvre splendide, sensible et délicieuse.

Quant à (La) Horde, elle reprend avec ses excellents danseurs et danseuses du Ballet National de Marseille sa soirée éclectique composée de courtes chorégraphies de Lucinda Childs, Tânia Carvalho, Lasseindra Ninja et Oona Doherty, programmée par le Théâtre de la Ville et jouée au Théâtre du Châtelet en 2021 [notre critique].

Néanmoins, à la Gare du Midi, on note quelques petits changements : la première pièce n’est plus Tempo Vicino de Lucinda Childs mais l’admirable Concerto (1993) sur une musique d'Henryk Górecki. Un pur moment de virtuosité et de bonheur ! Et pour finir, un extrait de Room with a view de la Horde [notre critique]  dresse un pont troublant et profondément puissant entre les quatre œuvres précédentes. Une soirée riche et exceptionnelle !

Outre la diversité de sa programmation, Thierry Malandain fête les 40 ans des CCN avec une exposition située dans le salon Diane du Casino. On y découvre avec bonheur des photos de plusieurs pièces du chorégraphe et directeur du Malandain Ballet Biarritz ainsi que des portraits des 40 directeurs et directrices des Centres chorégraphiques Nationaux.

Sophie Lesort

Spectacles vus les 10 et 11 septembre 2024 au Temps d’Aimer la danse de Biarritz.

En tournée : à Dijon le 19/09/24, à Chatenay-Malabry le 13+14/11/24, à Cannes le 23/02/25, à Creil le 20/03/25

Photo de preview : (La) Horde-BNM dans la pièce de Lasseindra Ninja © Caroline de Otero
 

 

Catégories: