« C’est comme ça ! » à Château-Thierry
Le festival de début d'année de l'Echangeur, CDCN des Hauts de France démarre le 21 septembre et dure jusqu'au 12 octobre avec des spectacles étonnants, des ateliers, des expositions et un regard engagé sur la danse d'aujourd'hui, celui de son directeur,Christophe Marquis, avec notamment un temps fort sur la danse inclusive.
Christophe Marquis a souhaité faire de l’édition 2024 de son festival castelthéodoricien C’est comme ça ! une « constellation sororale et fraternelle » tissée de lignes imaginaires qu’il a fait en sorte de relier entre elles. Et faire cohabiter, trois semaines durant, en différents lieux de la poétique cité, disciplines artistiques, sources d’inspiration, formes d’expression.
Le programme enchaîne – superpose, le cas échéant – art plastique et danse ; théâtre et cabaret ; animation et bal partagé ; cirque et cabaret ; musique et cinéma ; création et récréation, petite forme et show grand public ; œuvre à succès et expérimentation ; tradition et actualité. Nombre de productions hexagonales, d’Outre-mer et d’ailleurs. Avec, cette année, un temps fort sur la Guadeloupe sans oublier la thématique « art et handicap ».
Dès avant la soirée d’ouverture, dès le 21 septembre, il sera loisible de visiter plusieurs expositions. Ainsi, Bi-portraits de Mickaël Phelippeau montrera à L’Échangeur, les 21 et 22 après-midis et les soirs de spectacle, une série de photographies en couleur sur des rencontres plus ou moins fortuites posant « la question de l’altérité sous forme de portraits croisés ».
Être danseuse, être danseur de Sophie Poudroux mettra en valeur, aux mêmes dates et heures, au Silo U1, quarante interprètes faisant partie de l’association Regard trisomie 21. Pourra y être également visionnée la vidéo « immersive » Je regarde les étoiles de Thibaut Ras et Alice Davazoglou qui métamorphose la ville de Laon en scène de danse. Ainsi que l’énigmatique proposition, pour ne pas dire « activation » de Marc Lacourt, artiste associé au CDCN, Le Roi de la pampa retourne sa chemise pour la mettre à sécher aux cornes des taureaux.
Chloé Moglia, qu’on ne présente plus, ouvrira le bal ou, plus exactement, le festival (et les vernissages), le 26 septembre à 19h avec Bleu tenace, une pièce vertigineuse, donnée en accès libre, exécutée par Fanny Austry, sur fond de ciel automnal axonais et de composition musicale électronique de Mireille Chatain. Le lendemain, à 17h et le surlendemain à 19h, le lycée tout bonnement nommé Jean de La Fontaine offrira à ses élèves et aux festivaliers AC/DC, un duo alternatif et… énergétique d’Agathe Pfauwadel et Aëla Labbé, dansé par le novice Jules Lebel et le vétéran Stéphane Imbert.
Le 27 à 19h, l’Espace culturel de Brasles mettra au programme Vignette(s), une œuvre collective imaginée par Bernardo Montet, co-chorégraphiée par lui, Maguy Marin et Volmir Cordeiro, interprétée par la troupe Catalyse – Tristan Cantin, Manon Carpentier, Guillaume Drouadaine, Christelle Podeur, Jean-Claude Pouliquen, Sylvain Robic et Emilio Le Tareau [lire notre chronique]. En soirée, la Biscuiterie nous régalera d’un titre calembouresque : Voie, Vox, Vois, un plan à trois mitonné au pays du spéculoos, signé/singé par Antoine Leroy, Saaber Bachir et Gaël Santisteva.
Le Cinéma-théâtre projettera le 28 à 14h le film d’animation de Chelo Loureiro, Valentina, un conte traitant d’une petite héroïne atteinte de trisomie 21. Deux heures plus tard, Françoise Davazoglou et Agathe Lacorne proposeront à l’Échangeur ce qu’elles ont appelé l’Atelier de la spectatrice et du spectateur, une réflexion portant sur le monde des valides et celui du handicap, des exercices d’échauffement proposés au public, le tout illustré par des fragments de créations. À 20h, sera donnée au CDCN la pièce d’Alice Davazoglou, Danser ensemble.
Le 30 septembre à 19h, l’Échangeur débutera les Rendez-vous dansés de la saison par un Atelier de Clémence Baubant qui, en même temps, annonce sa pièce sur la créolité, Parades, laquelle sera (dé)livrée le 5 octobre à 19h à l’Espace culturel de Brasles. Le 4 octobre à 19h, salle Estruch du lycée La Fontaine, Myriam Soulanges donnera son solo Cover [lire notre critique], émaillé de souvenirs de famille et d’Antilles qui, pour ce que l’on en sait, « entremêle danse, parole et archives sonores ». À 21h, la Biscuiterie proposera un concert du percussionniste Roger Raspail et du Guadeloupe Gwo-ka Collectif, façon d’embrasser (et d’embraser, le gwoka aidant) des territoires qui vont du swing à la morna, de la rumba au funk, voire à la transe.
Le 5 octobre à 21h, L’Échangeur abordera le gwoka sous l’angle chorégraphique en confiant une soirée à la chorégraphe Lēnablou. Sa pièce Le Sacre du sucre développe la techni’ka, une gestuelle traditionnelle transmise oralement, baignant, nous dit-on, dans la philosophie du bigidi, fondée sur le déséquilibre du corps dansant. Contribuent à l’événement les musiciens Félix Flauzin et et Allan Blou. Le 9 octobre à 16h30, avenue de la Mare aux Canes et le lendemain, à 19h, Esplanade du Palais des rencontres, Satchie Noro et Silvain Ohl reprendront Origami, faisant ployer sans rompre les parois d’un conteneur de neuf tonnes.
À l’Espace culturel de Brasles, le 11 octobre à 19h, Maud Pizon donnera son solo Cover [lire notre critique], détournant à sa manière certains evergreens chorégraphiques – autrement dit, des pièces du répertoire – sans nul souci de vérité historique, pour le plaisir pur, en faisant varier les tempos et les styles. À L’Échangeur, en soirée (à 21h), Ève Magot se produira dans sa variation Jardin futur / Club sabotage, inspirée, excusez du peu, de la Genèse – le jardin en question étant celui d’Éden et le prénom de la danseuse ayant pu avoir, à cet égard, fonction performative.
« Tout finit par des chansons », comme le prévoyait Beaumarchais. Tout finit allègrement : par l’Après-midi de danse à vivre en famille ! « illuminé » par Satchie Noro le 12 octobre à partir de 14h aux Espaces U1, avec interventions de Marc Lacourt, Natacha Kierbel et Yumi Rigout, Wantche et Sarah La Piqûre, prélude à une Nuit de la danse dont la manifestation a le secret, qui débutera à 19h et clôturera cette nouvelle édition du festival. C’est comme ça !, chantait Rita Mitsouko. Et pas autrement.
Nicolas Villodre
Festival C'est Comme Ça, L'Échangeur - CDCN des Hauts-de-France, Château-Thierry
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