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June Events : Entretien Vania Vaneau
Heliosfera fait de la lumière et du soleil la matière même d’une création sous haute tension, tant du point de vue physique que scénographique ou musical. À ne pas manquer.
Pouvez-vous nous parler de cette création d’Heliosfera ?
Vania Vaneau : Heliosfera est une recherche autour des corps et de la lumière avec cinq interprètes, quatre danseurs et une musicienne. Dans toutes mes pièces, je travaille sur la relation entre interprètes et matières, qu’il s’agisse des costumes, des objets, de la scénographie, mais en interrogeant plus largement le rapport entre le corps et le monde, l’humain et le non-humain, la question du paysage, la liaison entre l’intérieur et l’extérieur de l’enveloppe corporelle. Dans mes précédentes chorégraphies, j’ai beaucoup utilisé les tissus, des matières organiques, du charbon, des pierres… Pour cette création, je voulais étudier une matière intangible, d’où la lumière. Observer ce que représente un environnement lumineux, tester le physique dans la physique, donc qu’est-ce que la lumière en tant qu’onde ? Je voulais voir ce que ça provoquerait. Et c’est une substance énergétique formidable.
Comment avez-vous travaillé avec la lumière ?
Vania Vaneau : Nous nous sommes rendues, avec Abigail Fowler, la créatrice lumière, et le groupe de trois danseurs, une danseuse et une musicienne dans des lieux singuliers pour expérimenter des atmosphères lumineuses. Nous avons donc été au Couvent de Sainte-Marie de La Tourette à côté de Lyon, dont l’architecture imaginée par Le Corbusier joue sur la transparence et les puits de lumière, dans des grottes en Lozère où nous nous sommes imprégnés de l’obscurité, et des traces de vie qu’elle engendre. Enfin, à l’Observatoire du Pic du Midi, dans les Pyrénées, où nous avons pu étudier les astres, les étoiles et le soleil. J’ai alors compris que toutes les portes d’entrées, en termes de recherche sur la lumière, que ce soit l’électricité, le magnétisme, la question du cycle diurne et nocturne, de l’obscurité, étaient toutes liées au soleil, y compris notre métabolisme, celui des plantes et de l’ensemble du vivant sur notre planète. Qu’il s’agisse de corps héliotropes qui se tournent vers lui, de l’éblouissement qui aveugle à 3000 mètres d’altitude, des ondes qui parcourent les corps célestes ou terrestres…. C’est l’énergie solaire qui nous permet également d’avoir de l’électricité sur la Terre, donc il est relié aussi aux questions d’environnement, au réchauffement climatique ou de mythes universels. De plus, dans cet observatoire, ils ont un coronographe unique au monde, qui permet de scruter la couronne solaire. C’est extraordinaire. J’ai donc changé le titre de la création qui s’appelait Ambre et Poutre qui partait plutôt des couleurs, pour Heliosfera
Comment toutes ces recherches s’intègrent dans la chorégraphie ?
Vania Vaneau : Car ces expériences réagissent à la lumière de manière sensorielle, elle pousse le corps plus loin, directement en contact avec nos sens perceptifs ; biologique et essentielle, naturelle ou artificielle, aussi possiblement spirituelle que nocive, la lumière ouvre un large éventail créatif et référentiel, de vibrations, de couleurs. La manière dont la lumière sculpte les espaces, et dont elle s’articule à des phénomènes météorologiques sont également source d'états émotionnels. Les interprètes sont mis au défi par ces phénomènes lumineux singuliers.
Quelle sera la musique de cette création solaire ?
Vania Vaneau : C’est Puce Moment, de Nico Devos et Pénélope Michel, qui sont aux manettes. Ils utilisent toujours des environnements sonores avec une certaine plasticité du son qui accompagne très physiquement les corps, les englobent, les font vibrer. Et pour cette pièce ils mélangent des sons électroniques, des synthétiseurs, mais aussi des sons du soleil qu’ils ont récupérés. Nous utilisons aussi la voix dans la pièce. Pénélope est sur le plateau, elle joue en direct avec des objets en verre, de l’eau, et un thérémine, cet instrument merveilleux que l’on ne touche pas de ses mains, et Nico l’accompagne en régie.
Propos recueillis par Agnès Izrine
Le 25 mai 2024 Théâtre de l’Aquarium
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