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« Il était une fois Casse-Noisette » au Théâtre du Châtelet

Après le succès de Mon premier Lac des cygnes, Karl Paquette propose une nouvelle approche pédagogique du ballet classique, avec une version de Casse-Noisette. On ne présente plus le célèbre conte imaginé par E.T.A Hoffmann et qui inspira au tandem Petipa/Tchaïkovski un ballet fantastique présenté pour la première fois à Saint-Petersbourg en 1892. Ici Karl Paquette resserre légèrement la narration sur deux actes de 40 minutes – retirant quelques passages du ballet d’origine – tout en gardant l’essentiel du récit.

Pour rendre la dramaturgie parfaitement compréhensible même aux plus petits – certains enfants n’ont pas plus de 4 ou 5 ans – Paquette a mis au gouvernail Clément Hervieu-Léger, sociétaire de la Comédie Française à la voix claire et mélodieuse qui de quelques phrases guide le spectateur et fait le lien entre les principales scènes du ballet.

Le rideau s’ouvre sur la musique de Tchaïkovski et dévoile un décor aux couleurs pastel : un salon bourgeois le soir de Noël avec sapin vertigineux, moulures et lustres, et au jardin, un livre géant grand ouvert. L’histoire peut donc commencer et on sent chez les jeunes spectateurs une certaine impatience …

Le premier tableau joyeux et coloré, met en scène la petite Clara et ses ami.es le soir de Noël. Sous l’œil de leurs parents respectifs et de deux grands parents, tous poudrés et perruqués – l’action se passe au 18e siècle – les enfants dansent jusqu’à tomber par terre, les adultes entament rondes et farandoles et le parrain de Clara, Drosselmeyer (Karl Paquette) offre une séance de magie, boule volante et canne rétractable, techniquement assez réussie, avant de délivrer les cadeaux… Dans la nuit, alors que Clara dort, Casse-Noisette, qui a pris vie sous la forme d’un Prince, aide les soldats de plomb à combattre les Rats ayant envahi le salon. Les soldats, Matteo Manzoni, Nicolas Rombault, Martin Arroyos, forment un trio alerte en parfait unisson à l’assaut de rats bien dodus en tuniques et basques de brocart.

Le couple formé par Clara et Le prince/Casse-Noisette, Anastasia Hurska et Ivan Delgado del Rio, fonctionne parfaitement. Leur danse est fluide et harmonieuse, elle tout en grâce, lui fin et précis. Suivant la chronologie du récit, ils arrivent dans une forêt enneigée où douze danseuses aux costumes stylisés  –  un peu barbe à papa mais très « couture » –  virevoltent en ligne sur la Valse des Flocons. Une pluie de paillettes enveloppe le tableau à la manière d’une boule à neige, le rendant particulièrement féerique.

Galerie photo © Thomas Amouroux

Le deuxième acte s’ouvre sur un univers sucré et pour le moins melliflu, Clara et son Prince Casse-Noisette arrivant à Konfiturenbourg.  La scène prend des allures de comédie musicale quand la Fée Dragée descend des cintres sur un grand croissant en carton-pâte. Philippine Flahault campe une pétillante fée aux joues roses avec une variation tout en petits pas, piqués et déboulés, avant de laisser place au voyage : La Danse espagnole, dansée par Léa Salomon et Pierrick Defives, deux interprètes pétulants, est particulièrement réussie et d’une belle vitalité. La Danse chinoise enchaîne roues, petite batterie et brisés et la Danse russe, qu’on aurait aimé un peu plus enlevée, est toutefois ravissante avec ses jupes et coiffes aux couleurs de berlingot. La Pastorale qui suit, dansée par huit danseuses aux robes moelleuses et roses comme des guimauves, enchaîne allègrement rondes et sauts de chat.

Paquette a détourné la sensuelle Danse orientale, au profit du Roi des rats revenu s’emparer des gâteaux. Sa gourmandise, les quelques facéties ici et là ainsi que sa tenue - toque et tablier blanc rappelant le célèbre Ratatouille - le rendent drôle et sympathique pour la grande joie des enfants. Un petit tour, un vol de gâteau et le voilà reparti !

Galerie photo © Thomas Amouroux

Après cette séquence fort appréciée, la Valse des fleurs  avec dix-huit danseur.euses au plateau – six garçons vêtus en marquis et douze filles aux ravissants tutus piqués de fleurs –  ses grandes lignes de pas de valses, ses figures entrelacées et ses menés,  marque un moment phare du ballet. La dernière partie enchaine le grand duo – dansé ici par Clara et Le Prince / Casse- Noisette – suivi de deux brèves codas impeccablement exécutées et un finale éclatant avec la troupe au grand complet, jusqu’à sa conclusion : le retour de Clara endormie au salon.

Avec cette initiation au Ballet, Paquette a réussi à capter l’attention des plus jeunes et ravir l’ensemble du public. « Que c’est beau ! »  dira un tout petit garçon placé juste derrière moi, résumant la soirée d’un simple mot d’enfant !

Marjolaine Zurfluh

Vu le 21 avril 2023 au Théâtre du Châtelet

A voir jusqu'au dimanche 30 avril 2023 au Théâtre Châtelet

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