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Kaléidoscope l'événement Kalypso

Une soirée spéciale le 12 novembre 2022 propose une relecture originale des spectacles de Mourad Merzouki à l'occasion des 10 ans de Kalypso.

Une boucle se boucle pour le San-Priode Mourad Merzouki. Le chorégraphe quitte en effet Créteil-soleil. Il part pour de nouvelles aventures. Pour l’instant, lui seul sait sa destinée. Avant cela, il marque cependant le coup et célèbre à sa manière les dix ans du festival Kalypso. Une manifestation qu’il avait rêvée et concrétisée, qui va nous proposer à partir du 12 novembre 2022, outre un programme alléchant, un florilège de son œuvre, event ou soirée de gala qui a pour titre Kaléidoscope.

Sur près d’une trentaine de pièces créées au fil du temps, d’Athina (1994) à Zéphyr (2021), Mourad Merzouki en a retenu une douzaine, qui vont « de la boxe au cirque en passant par la musique classique ou la danse aérienne ». Il a stylisé le hip-hop, dont il est issu, comme personne, s’est entouré des meilleurs interprètes, d’abord à Lyon, puis dans tout l’hexagone. Dès le départ, les danseuses – en minorité, certes – ont été intégrées à ses spectacles. Ses choix musicaux vont du rap aux musiques anciennes. Certaines de ses scénographies ont été marquantes. Son travail avec la lumière et les effets numériques a fait date. Kaléidoscope avait déjà été le titre d’un ballet pour dix danseurs créé par Alwin Nikolaïs en 1956 à l’American Dance Festival où celui-ci avait développé son concept de décentralisation ou de décentrement et poussé la danse comme les danseurs vers l’abstraction. On n’y distinguait ni le genre ni l’aspect habituel du corps humain, recouvert de tissu en jersey extensible, les membres étant prolongés par des prothèses.

Le fait est que le mot kaléidoscope, qui désigne un jouet optique du XIXe siècle, une lorgnette qui filtre la lumière à travers des cristaux et varie à l’infini les combinaisons de motifs colorés, convient bien au travail de Mourad Merzouki en général et au feu d’artifice qui s’annonce à base de « sensations vives et variées », comme dit le Petit Larousse. Le best of merzoukien s’inscrit dans le droit fil des chorégraphes contemporains. L’œuvre mélange volontiers genres, techniques et esthétiques.

On y trouvera matière et lumière, prouesse physique, gymnique, circassienne : les malabars en quête de bagarre s’adonnent au sport noble et à celui qui l’est moins, l’art martial thaï dans Boxe boxe ; le trucage théâtral du temps jadis autorisé par le harnais de voltige qui permet à l’interprète de léviter comme une Sylphide de l’âge romantique ; et, plus loin dans le temps, les fauteuils et canapés Louis XV de Cartes blanches ; la palissade piégée de Terrain vague qui se métamorphose en filet dans Käfig et que varappe avec aisance une femme-araignée ; la toile de cette Spiderwoman qui se dématérialise à son tour dans Pixel, trompe-l’œil vidéographique plus vrai que nature ; les verres plastiques d’Agwa vidés de leur substance qui vont et viennent sur le parquet au gré des courants d’air ; les ventilos de Zéphyr qui le font comme éléments de déco et sculpture d’art cinétique ; le tango vire à la danse de Saint-Guy, à savoir la tarentelle répétitive ad lib. de Folia, qui permet aux musiciens d’accéder à la scène. Longtemps après les joutes verbales de deux rappeurs inspirés, on aura droit, au finale, à une jolie soprano poussant bel et bien la chansonnette.

Nicolas Villodre

Kaleidoscope Festival Kalypso, à voir du 12 au 16 novembre 2022 à la Maison des Arts de Créteil.
A voir en première partie le 12 novembre à 19h30 : Rave Lucid de Mazelfreten (voir notre reportage vidéo).

 

 

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