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« Immerstadje » de Hamid Ben Mahi
Le nom, d’abord, surprend. Que signifie donc « Immerstadje », titre de la nouvelle création d’Hamid Ben Mahi ? Purement inventé, le mot est sorti tout droit de l’imagination du chorégraphe et danseur.
Comme le spectacle qu’il annonce, il ne renvoie qu’à lui-même. A la différence des précédentes pièces d’Hamid Ben Mahi, Immerstadje ne porte en effet nulle question identitaire, qu’elle soit ethnique ou esthétique. Nulle revendication sociale non plus, si ce n’est le droit universel au rêve et à la fantaisie.
Plongeant aux sources de sa création, le chorégraphe a choisi d’explorer un territoire unique et partagé, celui de l’enfance. Cet espace-temps béni où le monde se réduit à la lente marche d’un scarabée sur une motte de terre, où l’on imagine sans crainte le futur, et où un simple accessoire vous transforme tour à tour en lutin ou en extraterrestre.
Pour cela, il s’est entourée d’une troupe de cinq danseurs - certains familiers, d’autres nouveaux venus, qu’il a chaussés de patins à roulettes verts fluo, ce qui vaut au spectateur une spectaculaire ouverture en glissades, boucles et diagonales. Bizarrement costumés, équipés de lunettes façon hublots lumineux, ils se déplacent à la file, telle une caravane d’explorateurs d’un nouveau genre. En fond de scène, un écran diffuse une vidéo de l’INA datant de 1968 (!) donnant la parole à un groupe d’enfants qui racontent leur vision de l’an 2 000. Le ton est donné, comme dans ces jeux des cours de récréation : Et si on se déguisait, et si on sautait dans des cerceaux, et si on savourait tout simplement le plaisir d’être là, sur cette planète et dans cette galaxie dont les images satellites sont projetées sur l’écran ?
Galerie photo © Pierre Planchenault
Sans effets, mais avec une sensibilité qui baigne l’ensemble de la pièce, Hamid Ben Mahi réinvente un monde tendre et coloré où la liberté des corps est totale. Galipettes ou arabesques, duos ou trios, sur roues ou au sol, ensemble ou séparés, tout est possible. Les séquences s’enchaînent, évoquant chaque fois un univers différent.
Si la mise en scène à chaque fois surprend, dans ses effets de lumières ou son ambiance musicale dépaysante, on regrette que la gestuelle, elle, demeure finalement assez sage, comme si le chorégraphe, pour mieux se laisser porter par les émotions, avait gommé toute aspérité stylistique. Bulle de savon onirique dans un parcours d’ordinaire plus incisif, Immerstadje se revendique hors du monde et de ses traumatismes post attentats. Après cette parenthèse de légèreté, on ne doute pas qu’Hamid Ben Mahi trouve, dans le futur, d’autres occasions plus frontales d’aiguiser son talent.
Isabelle Calabre
Vu le 20 septembre à la Chapelle Fromentin - CCN
En tournée :
17 et 18 octobre 2017 : FAB / Le Carré - Les Colonnes / Saint Médard-en-Jalles (33)
28 novembre 2017 : Le Liburnia / Libourne (33)
12 décembre 2017 : Scène Nationale du Sud Aquitain / Bayonne (64)
14 décembre 2017 : Théâtre Olympia - Scène conventionnée d’Arcachon (33)
01 février 2018 : L’Odyssée - Scène conventionnée de Périgueux (24)
07 avril 2018 : Espace Culturel Michel Manet / Bergerac (24)
27 avril 2018 : Pôle Culturel Évasion / Ambarès-et-Lagrave (33)
15 mai 2018 : Les 13 Arches / Brive-La-Gaillarde (19)
16 mai 2018 : Théâtre du Cloître / Bellac (87)
17 mai 2018 : Théâtre des Carmes / Langon (33)
19 mai 2018 : Festival Hip hop Tanz - MC93 / Bobigny (93)
26 mai 2018 : Théâtre de Fos / Fos-sur-Mer (13)
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