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« Danse des guerriers de la ville » d’Anne N’Guyen

Emprunter, le temps d’un parcours interactif, le corps d’un danseur hip hop, voilà ce que propose Anne N’Guyen. En véritable grammairienne d’une danse qu’elle connaît et pratique depuis bientôt vingt ans, la chorégraphe a conçu cinq installations constituant autant d’expériences sensorielles de l’univers hip hop.

Galerie photo Laurent Philippe

Le chemin commence dès le haut du grand escalier du Théâtre de Chaillot, où une danseuse solitaire évolue autour d’un cercle. On la retrouve quelques minutes plus tard dans la petite salle Béjart, via un écran devant lequel se positionnent les visiteurs. Ainsi reliée par l’image, elle guide leurs mouvements pour un moment de Freestyle jouissif, où même les plus rétifs finissent par se laisser entraîner dans la danse. Auparavant, ils auront pu s’échauffer avec Bounce, un dispositif avec miroir qui démultiplie chaque geste et transforme le spectateur en virtuose de la danse debout. Plus passive est l’installation Tuts, où seule la photo du volontaire - déguisé ou non (des vêtements d’emprunt sont disponibles) - dans une des positions du Tétris, se retrouve ensuite mise en mouvements. Pour distinguer les différents styles de danse, un détour par la Battle s’impose : sur deux tables sont disposées des cartes à l’effigie de breakeurs, popeurs et autres spécialistes, avec lesquelles deux joueurs s’affrontent en déclenchant les vidéos correspondantes. Pour prolonger encore ce défi virtuel, il ne reste plus qu’à coiffer le casque de Jam et plonger en réalité augmentée au cœur d’un cercle hip hop. Une dernière cent pour cent ludique, à l’image d’un parcours délibérément placé sous le signe du « Si on jouait à… ».

Galerie photo Laurent Philippe

Toutefois, au-delà de sa volonté affichée de divertir, cette Danse des Guerriers de la Ville  fait aussi œuvre pédagogique en codifiant les gestes et les styles d’une danse trop souvent considérée comme purement instinctive. En témoigne d’ailleurs le franc succès qu’elle rencontre auprès du public scolaire, à tel point qu’il est question de la faire voyager dans toute la France afin qu’elle puisse toucher un public encore plus large. C’est tout le mal que l’on souhaite à son auteur !

Isabelle Calabre
19 octobre 2016, Chaillot - Théâtre national de la Danse

 

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