"Souls" d'Olivier Dubois

Après l’humanité en marche de Tragédie où les corps tenaient lieu de tout, Souls s’inquiète de l’âme et des esprits. Et là où la marche maintenait les hommes debout, Souls les veut couchés, presque ensevelis dans un paysage de sable aride et beau, où la terre n’est pas si légère quand les hommes retournent à la poussière. Tout en lenteurs et en fulgurances, la pièce vous happe dans son implacable évidence à rencontrer la mort. Les six hommes, venus de pays d’Afrique (Afrique du Sud, Maroc, Côte d’Ivoire, Sénégal, Égypte et République Démocratique du Congo.) se toisent et se portent, s’entraident et s’affrontent, roulent les uns sur les autres comme on charrierait des corps, s’unissent ou se disloquent dans une chorégraphie minimale, sans effets ni complaisance. Leur présence est pourtant intense, leurs corps puissants. C’est une traversée de la vie, de l’espoir, qui creuse à même le destin de chacun. Défilent alors devant nos yeux toutes les scènes d’exil, d’attente, de guerres, que convoquent ces corps marqués par leur histoire et la force d’Olivier Dubois est d’avoir su faire transparaître ses âmes tourmentées par une mémoire collective où la peur tient au ventre.