Migrant Bodies et la chorégraphe Su-Feh Lee
Le projet « Migrant Bodies » est né d’un partenariat associant la municipalité de Bassano del Grappa en Italie, La Briqueterie de Vitry-sur-Seine, le Centre chorégraphique Circuit-Est au Québec, The Dance Centre de Vancouver et l’institut croate du mouvement et de la danse à Zagreb. L’objectif est de solliciter des artistes de différentes nationalités – chorégraphes, danseurs, écrivains et plasticiens – invités pendant deux ans à mener des recherches autour de la question des migrations.
Le 21 mars, sept artistes ont montré ce que leurs corps migrants représentent pour eux à la Briqueterie dans le cadre de la Biennale de Danse du Val de Marne. Qu’ont perdus ou gagnés ces immigrants, telle est la question principale de cet événement.
Galerie photo : Laurent Philippe
La chorégraphe Su-Feh Lee, née en Malaisie dans une famille chinoise a vécu à Paris puis s’est installée à Vancouver. C’est dire si son parcours reflète bien le thème du corps comme territoire.
Assise sur un banc avec son ordinateur sur les genoux, très peu éclairée alors que la nuit tombe, la frêle jeune femme se raconte avec une infinie douceur. « Je faisais partie d’une minorité, les chinois de Malaisie. J’y ai grandi sans ressentir le droit d’être là. A Vancouver, les chinois croient que je viens de Hong Kong, or je ne parle pas le cantonnais ». Puis, toujours sans bouger elle évoque les problèmes relationnels entre les êtres, parle de son fils et d’une pléiade de petites choses intimes. Elle se livre et s’offre avec tendresse et fragilité. C’est passionnant, étrange et envoutant car elle sait parfaitement bien doser ses effets et ses silences.
Galerie photo : Laurent Philippe
En se levant, la danseuse exécute quelques pas très liés et s’allonge au sol pour simuler l’acte d’amour. Entre ses mots et son corps, elle exprime de la souffrance, une violente franchise, des dénonciations sur l’état de notre planète, ses états d’âme et surtout une immense poésie. Cette immersion dans l’univers de Su-Feh Lee est charmant et attachant.
Sophie Lesort
Vu le 21 mars à La Briqueterie dans le cadre de la Biennale de danse du Val-de-Marne
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