Toulouse : la Cité de la danse annulée ?
Jeudi 25 septembre, en début d’après-midi, ils sont une bonne quarantaine de danseurs, chorégraphes et professionnels de la culture toulousaine à se retrouver avenue Etienne-Billières, au Centre de développement chorégraphique. Ils ont annulé rendez-vous et activités pour se rendre à l’appel à mobilisation du CDC. Car il y a urgence : la Cité de la danse, ce nouvel équipement qui devait voir le jour dans l’hôpital désaffecté de la Grave, n’est, selon les propos du maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc rapportés par la Dépêche du Midi, « plus d’actualité ». Annie Bozzini, la directrice du CDC qui porte ce projet depuis une dizaine d’années, est consternée : « nous avons appris cette décision par la presse. Il y a une semaine nous étions dans le bureau de l’élu chargé de la danse, M. Hajije, et il ne nous a rien laissé entendre de ce revirement. Au contraire, il semblait soutenir l’idée d’un lieu totalement dédié à la danse ! »
L’affaire était pourtant bien engagée, et semblait même faire consensus puisque les deux principaux compétiteurs en lice pour prendre la tête de la ville lors des élections municipales de mars 2014 avaient inscrit la Cité de la danse dans leurs promesses de campagne. Six mois après, la musique rend un autre son et Jean-Luc Moudenc, candidat UMP revenu aux commandes après le mandat du socialiste Pierre Cohen, martèle que Toulouse doit faire des économies. C’est la raison qui est invoquée pour renoncer à la Maison de l’image que devait construire Gilles Perraudin dans un quartier sensible, ou pour remettre en question l’installation des machines du Royal de Luxe imaginées par François Delarozière dans un bâtiment qui leur était dédié. En début de semaine une fuite dans la presse révélait que le Festival international d’art contemporain n’aurait pas lieu en 2015. Deux jours après c’est l’ouverture de la Cité de la danse qui est reportée sine die.
« Ce sera peut-être la goutte qui fera déborder le vase », espère Annie Bozzini, qui demande dans une lettre ouverte au maire de Toulouse « d’étudier une autre solution si le site de la Grave […] conditionne des investissements difficiles à supporter pour la Ville ». Car, plus que la localisation, c’est de l’outil dont ont besoin les professionnels et le public. « Il est clair qu’une dynamique autour de la danse et des arts associés s’est développée ici », analyse un enseignant de l’université Jean-Jaurès. « Professionnalisation du milieu, recherche universitaire, projets d’envergure européenne, festival annuel… toutes ces activités gagneraient en rayonnement et en visibilité à travers la Cité de la danse, et Toulouse à travers elle. » Il y a deux ans Maguy Marin avait pris acte de ce bouillonnement prometteur en venant s’installer dans sa ville natale après avoir quitté le CCN de Rillieux-la-Pape. Elle vient de quitter Toulouse faute d’avoir trouvé un accord avec la ville (voir l’entretien : http://dansercanalhistorique.com/2014/09/24/entretien-maguy-marin/). Pour autant Annie Bozzini ne baisse pas les bras et croit plus que jamais en l’avenir de la danse dans la quatrième ville de France : « les responsables toulousains devraient entendre leurs homologues lyonnais lorsque ceux-ci reconnaissent, devant les retombées incontestables de la Biennale de danse, que c’est sans doute l’art ‘le plus vertueux économiquement’ ». Les habitants de l’agglomération toulousaine sont invités à s’exprimer par voie de pétition.
Dominique Crébassol
Pour prendre connaissance de la lettre ouverte « Pour une cité de la danse à Toulouse » : https://secure.avaaz.org/fr/petition/Monsieur_le_Maire_de_Toulouse_La_creation_dune_Cite_de_la_danse_a_Toulouse/?lCHjkbb&pv=0
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