Lalanbik, nouveau Centre de Développement Chorégraphique National labellisé à La Réunion
Le ministère de la Culture vient de décerner à Lalanbik le label de Centre de Développement Chorégraphique National (CDCN). Basé à Saint-Pierre à La Réunion, Lalanbik devient le second CDCN ultramarin, après Touka Danses en Guyane. Une distinction qui témoigne de la brillante montée en puissance de la structure, opérée en dix ans.
En 2014, Lalanbik voit le jour sous la forme d’une association. Cette dernière projette très vite de devenir un pilier incontournable de la scène chorégraphique réunionnaise et des alentours. Elle trouve sa place en créant en 2016 une base numérique de vidéos des artistes de l’océan Indien, puis en devenant partenaire de Numéridanse.TV en 2017. Valérie Lafont, à la tête de la structure depuis 2019, y développe ensuite l’accompagnement et la coproduction des artistes : les premiers élus seront Soraya Thomas et Eric Languet. Puis Lalanbik pose ses bagages au théâtre de Pierrefonds, situé dans la friche patrimoniale de l’ancienne usine de canne à sucre de la ville, au sud-est de l’île, en 2021. Les premières briques posées, le chemin vers la labellisation est lancé auprès des collectivités.
Pour cela Lalanbik prend à bras le corps sa mission : soutenir la création chorégraphique, faciliter la diffusion des œuvres et promouvoir l’accès à la culture. En se constituant « plateforme chorégraphique dans l’océan Indien », la structure brigue depuis longtemps une ambition de reconnaissance nationale. Depuis sa création, de nombreux chorégraphes y ont foulé le plateau, notamment et surtout une scène réunionnaise de proximité, foisonnante et que l’on espère voir tourner. En 2020, Lalanbik avait entre autres bénéficié de REACT-UE, programme de soutien européen visant à pallier les « dommages sociaux et économiques causés par la pandémie de COVID-19 et préparer une reprise écologique, numérique et résiliente de l’économie ».
10 ans après sa création, Lalanbik est donc CDCN. En intégrant le réseau des 14 CDCN de France, la structure renforce son rayonnement régional et international. Un réseau destiné à s’étendre, puisque Lalanbik tisse des liens étroits avec ses partenaires des îles voisines et d'Afrique australe, en particulier via la plateforme IOCAN (Indian Ocean Choreographic Arts Network), qui rassemble le Royaume des Fleurs à Mayotte, les festivals Mitsaka et Evasion à Madagascar, SR Dance à l’île Maurice, Iodine et le festival Kinani au Mozambique, la Tche Za School aux Comores. En parallèle, l’innovation numérique, avec le projet « Peau numérique », élargit les modes de création et de partage artistiques.
Alors un label, oui, mais pour quoi faire ? Tout d’abord pour être soutenu, par l’État et par les collectivités territoriales, permettant une meilleure visibilité. Un soutien gravé plus ou moins dans le marbre, qu’il est important de s’assurer en cette période incertaine. Dans un second temps, un CDCN, ce sont surtout des missions : création, recherche, diffusion, médiation et insertion professionnelle, une palette de compétences est désormais à venir cueillir à Lalanbik, au service des artistes de l’île. En ce sens, une grosse attention est portée au volet formation, avec le chantier d’un diplôme de danse contemporaine reconnu et d’un cursus qui évite la délocalisation des futurs artistes en Europe continentale. Dans un troisième temps enfin, les désormais quinze CDCN, constitués en une association (l’A-CDCN), forment ensemble un maillage solide qui bénéficie à tous. Ces dernières années, le travail de Soa Ratsifandriana, Nacera Belaza, Ruth Childs ou encore Christos Papadopoulos ont fait l’objet de coproductions communes entre les CDCN. De belles opportunités à venir donc, que l’on suivra avec impatience.
Louise Chevillard
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