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« Uirapuru » de Marcelo Evelin

Six danseurs sous influence d’un oiseau tropical aussi mythique qu’invisible. Un ballet minimaliste pour une créature sublime. La pièce est de retour du 5 au 8 décembre à Chaillot - Théâtre National de la Danse.

« L’uirapuru est un oiseau en voie de disparition qui est en même temps une icône de la culture brésilienne. Il n’apparaît presque jamais et a un chant absolument sublime. Il y a autour de lui une légende indigène basée sur un amour impossible à base de chamanisme », dit Marcelo Evelin. Selon la légende des Tupi-Guarani, qui entend cet oiseau se mettrait à délirer sous l’emprise d’une beauté insensée. Cet oiseau, Beckett l’appellerait Godot. Et si Beckett avait écrit un scénario chorégraphique, celui-ci pourrait ressembler à Uirapuru, pas de six très minimaliste signé Marcelo Evelin, où une boucle rythmique et un motif chorégraphique répétés inlassablement pendant une cinquantaine de minutes, est placée sous une sorte d’arbre, de parapluie ou nid d’oiseau, fait de bouts de bois et garni de fruits et de légumes.

La coupole artisanale donne la mesure de la richesse de la nature et des conditions dans lesquelles est née Uirapuru : « C’est une pièce faite de façon très artisanale avec très peu d’argent, dans des conditions très précaires. On a pris tout ce qu’on avait et on l’a mis ensemble, on a construit quelque chose avec des morceaux de bois. On l’a construit comme pour donner à manger aux oiseaux. On invite les oiseaux... » De l’oiseau-Godot on entend le chant et il semble parfois qu’il soit produit par les danseurs. En vérité il vient d’ailleurs, tel un mirage sonore... Cet arte povera coreografico ressemble à un rite pour faire émerger l’oiseau rare et demande autant de patience aux danseurs qu’à leur public. On pourrait y voir quelques pas de samba, rudimentaires et à la recherche de l’essence d’un pays entier. En réalité, il en va autrement : « J’ai choisi une séquence de mouvements qui vient de la danse folklorique et a beaucoup à voir avec la forêt. C’est hypnotique, contemplatif », dit le chorégraphe. 

Galerie photo © Laurent Philippe

La coupole artisanale donne la mesure de la richesse de la nature et des conditions dans lesquelles est née Uirapuru : « C’est une pièce faite de façon très artisanale avec très peu d’argent, dans des conditions très précaires. On a pris tout ce qu’on avait et on l’a mis ensemble, on a construit quelque chose avec des morceaux de bois. On l’a construit comme pour donner à manger aux oiseaux. On invite les oiseaux... » De l’oiseau-Godot on entend le chant et il semble parfois qu’il soit produit par les danseurs. En vérité il vient d’ailleurs, tel un mirage sonore... Cet arte povera coreografico ressemble à un rite pour faire émerger l’oiseau rare et demande autant de patience aux danseurs qu’à leur public. On pourrait y voir quelques pas de samba, rudimentaires et à la recherche de l’essence d’un pays entier. En réalité, il en va autrement : « J’ai choisi une séquence de mouvements qui vient de la danse folklorique et a beaucoup à voir avec la forêt. C’est hypnotique, contemplatif », dit le chorégraphe. 

Cet unisson relatif pourrait aussi être la petite sœur du Sacre du printemps. Sans sacrifice. Ou plutôt si, avec tous les danseurs dans le rôle de l’élu.e, entraînant la danse elle-même vers cette extinction qui guette l’uirapuru et tant d’autres espèces. « Oui, c’est une pièce assez radicale, mais je pense qu’elle est cohérente avec le moment qu’on vit, où beaucoup de choses sont en suspension. Je ne voulais pas montrer un Brésil exubérant, mais pas non plus un Brésil victimisé, parce que de toute façon, on n’est pas ça », dit Evelin. 

Galerie photo © Laurent Philippe

Les tenues se résument à un short noir, pour les femmes comme pour les hommes sauf pour un.e. Etat nature et minimaliste en même temps, la quasi-nudité évoque les populations amérindiennes qui vivent en harmonie avec la forêt amazonienne. Evelin dit vouloir leur donner une visibilité, mais le formalisme et l’abstraction de la danse cachent ces populations plus qu’ils ne les révèlent. 

« Aujourd’hui Bolsonaro laisse libre cours à l’exploitation de la forêt et le capitalisme détruit la forêt pour ses propres besoins, pour s’enrichir. Ce n’est pas seulement la forêt qui est physiquement détruite, mais aussi tout un savoir indigène », dit Evelin qui a vécu avec les Indiens pendant trois mois quand il avait neuf ans et affirme que cette expérience a changé son regard sur la vie. Mais quand il s’agit de faire exister l’âme de ces peuples et de créer l’émotion de la rencontre, on se tournera plutôt vers une certaine Lia Rodrigues. Le but de la pièce d’Evelin est aussi difficile à identifier que l’uirapuru dans la forêt tropicale. 

Thomas Hahn

Du 5 au 8 décembre 2024 à Chaillot - Théâtre National de la Danse

Conception et chorégraphie Marcelo Evelin/Demolition Incorporada
Création et performance Bruno Moreno, Fernanda Silva, Gui de Areia, Luís Carlos Garcia, Márcio Nonato, Rosângela Sulidade, Vanessa Nunes
Dramaturgie Carolina Mendonça
Assistanat de la création artistique Bruno Moreno
Lumière Márcio Nonato
Son Danilo Carvalho
Costumes Gui de Areia

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