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"Cover" de Myriam Soulanges

Invitée au festival La Maison danse à Uzès, Myriam Soulanges y présentait un solo créé en 2022, Cover. Un réquisitoire réjouissant, à la fois grave et léger, de la pensée coloniale et patriarcale.

Cover est un cri de rage ! Celui d’une femme, noire, artiste qui part de son intimité pour se plonger dans la grande histoire. C’est à partir de la question qu’elle pose à son père, Socrate, un guadeloupéen parti « faire sa vie en France », « Papa, tu réponds quoi quand on te demande d’où tu viens ? » qu’elle tricote son récit chorégraphique. Seule en scène, elle commence de dos, cachée du regard des spectateurs par une grande veste à capuche. Un léger balancement du bassin se propage au reste du corps, petit à petit mais de façon têtue. Puis la danse se transforme, se déploie et s’enivre. Elle devient plus ample et plus complexe. La parole fait son apparition, avant que la danse revienne, par un autre biais. Celui qui donne son titre à la pièce, Cover.

Cover qui fait référence au cover song, Myriam Soulanges ayant été une cover girl singer du groupe Technotronic Pump up the jam (elle dansait et chantait en semi-play-back). En détournant ce thème de la reprise elle se livre à un savoureux démontage de clichés, notamment ceux de la femme noire, du fantasme de l’exotisme et en filigrane de la domination de l’homme blanc. Entre histoire personnelle, la sienne et celle de son père, et grande histoire, il n’y a qu’un pas qu’elle franchit allègrement. Joyeusement aussi, parce que l’énergie qu’elle porte est palpable et généreuse. Et si ce spectacle égratigne les idées reçues, et fait vaciller nos certitudes de nantis, il est un coup de poing salutaire qui donne à réfléchir et à penser sans récriminations ni acrimonie.