La Cie Auguste-Bienvenue et son « Monsieur vs ou + = Madame »
De la création à Biarritz au festival Cadences d’Arcachon, Auguste Ouédraogo et Bienvenue Bazié questionnent les identités de nos genres.
Il y a des spectacles de danse pure, des spectacles-conférence et des spectacles-discours. Ce qui n’est pas la même chose qu’un spectacle narratif. Et parfois, les uns et les autres se mélangent, comme dans ce collage au titre oralement impraticable, inventé par Auguste Ouédraogo qui signe, assisté par Bienvenue Bazié, ce Monsieur vs / ou / + / = Madame.
Ebrécher ses propres titres, c’est tendance, tout comme la remise en question des identités dans cet objet scénique non genré qui creuse son sillon entre comédie musicale, danse militante et questionnement identitaire. Pour dire qu’il ne faut surtout pas prendre les choses pour définitives. « On s’enferme dans une cage, espérant qu’elle reste entrouverte », cette phrase – la parole fuse, parlée ou chantée – résonne comme une petite leçon de mieux-vivre, tout comme la remise en question des stéréotypes du féminin et du masculin.
Galerie photo © Olivier Houeix
De + en =, la danse, le chant, la parole et la musique live expérimentent la transgression entre féminité, masculinité, humanité et animalité. Un homme élancé, fin et élégant en tutu, une femme en veste et casquette se bombant le torse à la manière d’un cowboy, la dénonciation de stéréotypes assignés et de la « tempête de vos regards », le visage couvert sous une pile de vêtements. « Parfois je me sens discriminée… » En tant que femme et comme personne avec des « origines ». Bras et doigts qui pointent vers un autre (à imaginer) et la question : « Comment se regarder dans une glace quand on a perdu la face ? »
La chanson soul de James Brown It’s a man’s world, interprétée live par Gaëlle Amour fait ressentir le clivage entre fierté masculine (où tout a été construit par des hommes) et dénonciation de suprématie revendiquée, reléguant les femmes dans la subordonnée : Mais ce monde ne serait rien sans une femme ou une fille… Mais sans elle, l’homme serait perdu dans son état sauvage… La dialectique ouvre le débat, tout en « vs ou + = » où lettres et signes dansent leur valse-hésitation, comme les six interprètes entre « madame » et « monsieur ». Alors, cage ou liberté, la porte à moitié ouverte ou à moitié fermée ?
Thomas Hahn
Vu le 13 septembre, Biarritz, Le Temps d’aimer la danse, Théâtre du Colisée
Prochaine représentation : Festival Cadences, Arcachon, le 23 septembre
Conception • Auguste Ouédraogo et Bienvenue Bazié
Chorégraphie • Auguste Ouédraogo
Assistant chorégraphe • Bienvenue Bazié
Danseuses – danseurs • Jessica Yactine, Sandra Sainte Rose Fanchine, Bienvenue Bazié, Auguste Ouédraogo
Chanteuse musicienne • Gaëlle Amour
Slameur • Mathias Montoya dit Maras
Anthropologue • Marie Lorillard
Dramaturge • Moïse Touré
Créateur lumière • Fabrice Barbotin
Technicien son • en cours de recrutement
Composition musicale • Khalil Hentati (AKA Epi)
Création costumes • Vincent Dupeyron
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