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« L’Année commence avec elles » à Pôle-Sud - 2e édition (annulée)

Les spectacles de cette manifestation consacrée aux femmes ont du mordant. La danse en a besoin ! 

C’est une habitude qui s’installe à Strasbourg : Au CDCN Pôle-Sud de Strasbourg, « L’Année commence avec elles ». Ce temps-fort consacré à des autrices chorégraphiques ne peut cependant pas avoir lieu comme prévu pour sa 2ème édition, en raison des mesures sanitaires bien connues. Et pourtant. Si ces rendez-vous prévus pour le mois de janvier ne peuvent avoir lieu, nous publions ici un aperçu de la programmation prévue, pour témoigner du projet artistique de Joëlle Smadja qui dirige le CDCN Pôle-Sud. L’idée était belle et suscitait notre curiosité: présenter à nouveau une affiche à la fois combative et sensible, et ce même si trois artistes, dont deux particulièrement intrigantes et promettant de belles découvertes, n’auraient de toutes façons pas pu être présentes, suite aux nombreuses restrictions en vigueur, de part et d’autre de la planète. Il fallait donc d’emblée renoncer à voir ou découvrir Oona Doherty (Irlande) Cristina Moura (Brésil) et Murielle Elizéon (Etats-Unis). Elles devraient cependant être invitées ultérieurement. 

Nous attendions cependant Lali Ayguadé et Mercedes Dassi, Lara Barsacq et Silvia Gribaudi, chorégraphes aux parcours et ambitions remarquables. Ayguadé, la Catalane qui a été interprète pour Akram Khan, Hofesh Shechter et Baro d’Evel devait présenter sa dernière création, iU an Mi,où quatre interprètes, tels les personnages d’un film, se croisent dans un chassé-croisé intimiste, naviguant entre vérité, imagination et façade. La danse perce le paraître pour creuser les vérités intimes: « Je voudrais, sous le prétexte de funérailles, évoquer la manière des gens de réagir à un événement irréversible », dit Ayguadé. La chorégraphe pointe les « émotions enjolivées par les conventions ». Entre toi et moi (iU an Mi= you and me), se révèlent nos contradictions les plus intimes, d’autant plus que « nous avons tous les mêmes besoins, et pourtant nous prétendons être uniques ». 

2) Lost in Ballets russes, une pièce qui pourrait faire figure, dans quelques années, de la création originelle et emblématique de Lara Barsacq. L’ancienne interprète de la Batsheva, d’Alain Platel et de Jérôme Bel se lance dans une recherche sur sa propre généalogie artistique et familiale. Arrière petite nièce de Léon Bakst, elle a vécu dans une maison parentale où les arts, et notamment la peinture et la danse, occupaient une place importante. Si elle se penche sur l’histoire des Ballets russes de Diaghilev, elle y va avec toute sa sensibilité contemporaine, créant un trio féminin où la descendance personnelle ajoute au mystère d’une aventure artistique, qui ne cesse de résonner depuis un siècle entier. 

3) Silvia Gribaudi. Icône atypique de la scène italienne, elle crée des spectacles revendiquant une nouvelle liberté d’esprit et de corps. Voyant sa chair évoluer avec les années, elle se disait qu’il y avait là un nouveau potentiel artistique à mettre en jeu. Ainsi prend-elle à contre-pied tous les canons préconçus et assignés définissant la beauté selon les sexes. Gribaudi redéfinit la grâce selon le potentiel artistique de son propre corps, acteur hors normes sur les plateaux de danse. Elle verse des notes facétieuses et espiègles, avec grâce et finesse. Justement, le titre de ce quatuor, où la pulpeuse Italienne s’entoure de trois ballerinos, se réfère à une sculpture d’Antonio Canova, intitulée Les trois Grâces. A savourer! 

4) Mercedes Dassy. Dans son solo i-clit, elle interroge la représentation du corps de la femme dans le monde actuel et questionne le rôle du mouvement féministe aujourd’hui: « Je tente de faire un bilan du féminisme contemporain en me concentrant sur de nouvelles vagues féministes, celles de ma génération», dit-elle et annonce « une célébration» et un « manifeste» pour « une démystification du sexe féminin, de ses chairs intérieurs et de ses fluides, trop souvent exploités ou censurés ». Et c’est sans doute dans l’idée de manifeste qu’il faut chercher la clé de l’écriture d’i-clit où la chorégraphe-interprète évoque entre autres une étoile féminine de la pop, une introspection de sa sensibilité génitale par écran d’ordinateur interposé, une évocation musicale de sexe hardcore et une rébellion contre la prise de contrôle sur son corps par un chorégraphe invisible.

Reste désormais l’espoir que Pôle-Sud puisse présenter comme prévu la création de Mark Tompkins prévue pour les 10, 11, et 12 février et puis, au mois de mai, pour la création de Portrait d’Etienne Rochefort artiste associé du CDCN. 

Thomas Hahn

L’année commence avec elles #2, initialement prévu du 13 au 27 janvier 2021
POLE SUD, CDCN

Image de preview - Silvia Gribaudi @ D.R

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