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Un nouveau Temps Fort pour la danse

Dans le cadre de la saison 2013/2014 du Pavillon Noir, le Ballet Preljocaj propose cette année un « Temps fort » du 11 au 28 mars 2014 afin de présenter les tendances de la scène contemporaine par des artistes à voir, revoir ou découvrir absolument ! Gaëlle Bourges propose un tableau vivant inspiré des nus couchés de la peinture occidentale, Roy Assaf (Israël) présente un double programme : un duo d’une beauté fracassante et un trio impétueux à la douce virtuosité, Radhouane El Meddeb (Tunisie) se met dans la peau d’une femme, comme un subtil écho au printemps arabe, Christian Rizzo présente son fameux solo à la beauté rare et précieuse, Qudus Onikeku (Nigeria) interprète la pièce qu’il a créée au dernier Festival d’Avignon, Jérôme Brabant (La Réunion) et Hiroaki Umeda (Japon) sont réunis en une soirée autour de la force magnétique du corps. Enfin, Halory Goerger et Antoine Defoort refont le monde dans 8m2 avec Germinal, fresque loufoque déglinguée.

La belle Indifférence de Gaëlle Bourges

Et si l’on disait de Manet à Titien pour inverser le cours de l’histoire de l’art ? Et si la Vénus d’Urbino prenait la pose en chair et en os, alanguie sur un haut lit drapé de blanc et noyé de coussins ? Deux servantes s’affairant autour d’elle, vêtues de noir, éclat d’onyx tranchant avec la pâleur laiteuse de sa peau. Dans le sillage de Je baise les yeux qui révélait les stratagèmes du corps devenu appât, Gaëlle Bourges chorégraphie dans La belle indifférence, un tableau vivant librement inspiré des nus féminins couchés de la peinture occidentale... Sauf que loin de toute indifférence Gaëlle Bourges remet en question le modèle.

 

Roy Assaf (Israël) Six Years Later … / The Hill

Avec Six Years Later… et The Hill, Roy Assaf, danseur virtuose chez Emanuel Gat, montre la vitalité créative de la danse en Israël et la richesse de ses écritures. La première pièce est un duo à la beauté fracassante : tout est synergie, imbrications, nuances.Dans The Hill, la sarabande est cruelle dans son tournoiement incessant, en boucle, absurde presque. Roy Assaf dénonce l’inexorable fuite en avant des hommes, ces « héros », leur esprit de corps dans le combat, leur volonté de glorifier le passé. Et s’interroge : que reste-t-il de leur course effrénée vers le sommet ?

Qaddish de Qudus Onikeku (Nigéria)

Le passé, le présent et le futur. My Exile is in my Head, STILL/life et aujourd’hui QADDISH. L’artiste nigérian Qudus Onikeku met un point final à sa trilogie « De la solitude, la tragédie et la mémoire » au terme de cinq années qui lui auront été nécessaires pour aborder les
questions essentielles qui ouvrent la voie à la « quête de soi ». De ses trois pièces, Qadish est sans nul doute la plus percutante, la plus dérangeante pour l’artiste : n’écrit-il pas qu’elle « résonnera en moi comme un tremblement de terre personnel visant à prendre possession des souvenirs ancrés dans la mémoire de mon père, avant sa disparition » ?

Jérôme Brabant :  Heimat
La tête et le corps affublés de piquants cônes en papier blanc, Jérôme Brabant chaloupe au rythme du maloya (chant et danse traditionnels des esclaves) dont il revisite les codes « écraser, tourner, piler » comme un rituel personnel. C’est un voyage, un retour à ses origines, La Réunion, l’île qu’il porte en lui. Hypnotique, lancinant, sculptural, son maloya incarne sa terre, les danses tribales noires, les cérémonies d’hommage aux ancêtres et les revues nègres des années 20.

 

Hiroaki Umeda :While going to a condition
Pas de concept ni de thème narratif, mais des sensations, des images, des sens. Un temps ponctué de silences, de grésillements, d’images martelées qui animent un écran avant de disparaître ; un temps dilaté qui provoque une perte des repères.

Sous leurs pieds le paradis de Radhouane El Meddeb (France/Tunisie)

Deux hommes pour danser la femme, rendre hommage aux mères, aux héroïnes : Radhouane El Meddeb et le chorégraphe Thomas Lebrun qui, par son écriture et sa personnalité, l’a aidé à se dépasser et à enrichir son univers, sa danse. Mais une seule voix, une seule femme, une seule chanson : Oum Kalthoum, chantant pour la première fois en concert le poème Al Atlal (en ruines) sur une composition de Ryad Essoumbati.

Sakinan göze çöp batar (C’est l’oeil que tu protèges qui sera perforé) de Christian Rizzo

À la source des créations de Christian Rizzo il y a souvent un espace, un objet souvenir, un titre.
Cette fois l’enjeu trouve sa source dans le sentiment étrange, né après un solo improvisé à l’Opéra de Lille, qui a annulé en lui l’envie d’être
regardé sur scène. Mais persiste le désir, vital, de transmettre ses recherches et ses matériaux, jusqu’au corps du danseur turc Kerem Gelebek. Car sakinan göze çöp batar porte en creux l’histoire personnelle de l’interprète : il met en scène le sentiment de solitude, de l’exil de soi-même considéré comme un territoire que l’on quitte.

 

Halory Goerger et Antoine Defoort : Germinal

Aucun rapport avec Émile Zola ! Halory Goerger et Antoine Defoort sont d’incorrigibles bonimenteurs, et Germinal n’est pas ce que l’on croit ! Le tandem aime faire chanter les plantes vertes (&&&&& & &&&), les balles de tennis (Cheval) ou les pommes pourries (Métrage Variable). Aujourd’hui il crée une fresque bricolée avec les moyens du bord… Germinal, donc, met en scène quatre individus qui envisagent le plateau comme un espace vierge et fécond, dans lequel tout est à faire et où tout est (presque) possible.

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