« Dutch Masters » au Temps d’Aimer
Le G7 terminé et les grands de ce monde ayant quitté la ville, plus aucun barrage n’empêche les touristes et les biarrots de déambuler sous un soleil automnal dans tous les lieux splendides de Biarritz afin de découvrir la copieuse programmation de Thierry Malandain du festival le Temps d’Aimer.
Organisé par Biarritz Culture, cet événement qui fête son 29ème anniversaire a réussi au fil du temps à susciter la curiosité et ainsi à fidéliser bon nombre de spectateurs de tous les âges. Preuve en est la salle comble de la gare du Midi pour la soirée d’ouverture du 6 septembre qui rendait hommage aux grands maîtres de la danse néoclassique.
Dutch Masters, ce sont quatre courtes pièces signées par trois chorégraphes : Hans van Manen, Jiří Kylián et Nils Christe, interprétées par la compagnie Introdans (Pays-Bas) dirigée par Roel Voorintholt (directeur artistique) et Tom Wiggers (directeur général).
Sur une musique de Mozart, Andante (1991) d’Hans van Manen est l’un des plus célèbres pas de deux du chorégraphe où sensualité et variante contemporaine du menuet classique s’accordent délicieusement. Un bijou ! Avec Polish Pieces (1995), il varie totalement de style sur de puissantes musiques de Henryk Mikolaj Gorecki.
Vêtus de combinaisons aux couleurs criardes, les dix danseurs alternent mouvements d’ensembles et duos. Excellente, la première partie de cet opus surprend par son originalité et sa vitalité alors que la suite est un peu moins intéressante sur le plan chorégraphique.
Puis place à Jiří Kylián avec Lieder Eines Fahrenden Gesellen /Songs of A Wayfarer (1982) qui, dans cette ouvrage, traduit chorégraphiquement la pièce éponyme du compositeur Gustav Mahler par le biais de cinq duos. On regrette un manque de maturité non seulement sur le plan de l’interprétation qui est parfaite mais sans vie, mais aussi dans l’écriture quelque peu répétitive.
Galerie photo © Stephane Bellocq
Enfin, Cantus (2015) du chorégraphe néerlandais Nils Christe réputé pour sa grande musicalité. Il travaille sur des scripts complets avec des analyses jusqu'à la dernière note des compositions qu'il utilise pour ses ballets. Le résultat de cette étude est visible par tout le monde, car dans son travail, aucune avancée, aucun saut ou mouvement de bras ne semble aléatoire.
Sur la musique d’Arvo Pärt entre autres, sa chorégraphie apparait comme une continuation naturelle du monde sonore. D’un dynamisme époustouflant avec un délicat mélange de styles dont quelques pas propres au hip-hop, cette œuvre magistrale et envoutante laisse sans voix tant l’énergie déployée par les danseurs est d’une parfaite exactitude. Une pièce d’une incroyable jeunesse alors que Nils Christe est né en 1949. Pourquoi ce formidable chorégraphe de renommée internationale n’est-il pas plus souvent joué sur les scènes de danse françaises ?
Une soirée d’ouverture d’une indéniable qualité artistique qui a séduit toute la salle.
Sophie Lesort
Vu le 6 septembre 2019
Le Temps d’aimer la danse jusqu’au 15 septembre
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