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Cinq « Sauvages » déboulent à la MPAA

La compagnie Lamento dirigée par Sylvère Lamotte crée Les Sauvages à la MPAA, le 18 décembre 2017.

Les Sauvages : Le titre interpelle. L’idée d’intituler ainsi, de nos jours, un spectacle de danse dite contemporaine semble défier tous les concepts du politiquement correct. Peut-on aujourd’hui désigner quelqu’un de sauvage sans tomber dans le reflexe xénophobe ou moralisateur, sans vouloir ainsi renier ses propres rémanences de ce que nous considérons comme non civilisé ?

L’histoire du mot sauvage est particulièrement intéressante. Nos peurs de l’obscurité et de la forêt se reflètent dans le retournement du sens, d’abord lié à la forêt et puis aux Sarrasins, dans l’optique des Chrétiens, au temps des Croisades. On passe ensuite à la négation d’un statut de « civilisés » pour finalement, aujourd’hui, désigner tout comportement jugé socialement inacceptable.

Cinq sauvages et des dizaines de poutres 

Quels sont donc les Sauvages chez Sylvère Lamotte ? Cinq hommes (oui, la notion est drôlement sexiste, les « sauvages » sont généralement masculins, sauf quand le racisme entre en jeu), évidemment torse nu, qui manipulent, comme l’indique Lamotte, des « dizaines de bastaings (éléments de bois brut pour charpente) », et donc un « tas de poutres, comme une sorte de jeu de construction à taille humaine. » Ce jeu « repose sur le principe d’une coopération entre les interprètes, chacun étant en effet dépendant d’un autre pour transformer cette structure modulable. »

Le rapport à l’autre

Pas si « sauvage » que ça alors ? Ou bien s’agit-il d’une tentative de revalorisation du concept ? « À travers cette interrogations sur l’intimité du rapport à l’autre et sur ce qui m’en différencie, Les Sauvages renverse les codes entre le civilisé et le bestial, déconstruit les déterminismes sociaux pour revenir à une dimension plus archaïque, presque tribale, de la communauté, où le policé n’est plus nécessairement celui qui prétend l’être. »

Les bastaings proviennent de la forêt, mais sont domestiqués par la force de l’homme « civilisé » et de ses machines. Les « sauvages », eux, se débattent surtout avec leur « qui suis-je » face au groupe. Le but est ici d’interroger chacun par rapport aux identités multiples qui le constituent, et ce dans le contexte du groupe.

Thomas Hahn

Maison des Pratiques Artistiques Amateurs, MPAA Saint Germain,  le 18 décembre 2017

4, rue Félibien, 75006 Paris

01 46 34 68 58
saint-germain@mpaa.fr

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