Boris Charmatz Fou de danse
"Fous de Danse" aura lieu le 1er octobre au 104 dans le cadre du week end ouverture au CN D. Nous avons interrogé Boris Charmatz, le créateur de cet événement chorégraphique ouvert à tous.
Vous avez inventé de nouveaux modèles de « fabrique collective de la danse » qui font assez souvent appel à de la danse participative, pourquoi ?
Boris Charmatz : Pour moi, ce sont surtout des questions de motivation artistique. Ce qui m’intéresse c’est l’art, c’est la dimension esthétique. Je pourrais parfaitement défendre un art non participatif. Par contre, il existe une dimension forte aujourd’hui dont tout le monde a besoin qui est de l’ordre du commun. Et la danse est le médium qui permet ça.
Ce qui est un vrai projet du Musée de la danse depuis le départ, c’est de pouvoir passer, sans s’en rendre compte d’une position à une autre. Nos salles sont d’abord des studios, donc c’est un lieu d’exposition vivante de la danse. On peut y passer du rôle de guide à celui de médiateur, de performer, de chorégraphe. Celui qui entre, croit visiter la danse, mais en réalité, il est visité par la danse. Il entre pour regarder, écouter, et se retrouve dans un atelier, un débat où il peut participer, voire dans un spectacle. Tout peut s’enchaîner, se dissoudre, de manière fluide formant un seul événement plastique et chorégraphique
Est-ce également l’objectif de Fous de danse, cette manifestation que vous avez initiée à Rennes, donnée cette année en version XXL à Berlin et désormais au CENT-QUATRE et qui fait danser l’espace d’un jour, toute une ville ?
Boris Charmatz : Il s’agit plutôt de changer l’espace public en transformant les rapports ou les usages. Au lieu d’avoir un espace figé ou même des amateurs qui monteraient sur scène, c’est un espace de métamorphose. On y change de posture vis-à-vis d’une même chose, c’est une exposition vivante, mouvante, qui fait bouger les choses. On passe d’un échauffement, à une exposition de solos de danseurs de l’Opéra, du dance floor au « Soul Train » (deux groupes en ligne, les uns derrière les autres, forment un couloir à l’intérieur duquel des duos improvisent des danses funky), d’ateliers à un fest-deiz, ou aux danses urbaines. Tout est « sur place », sans ligne de démarcation. On peut se joindre aux deux tiers des propositions. Donc, on n’est pas dans le participatif, mais dans des formats collectifs, des modules différents qui permettent de faire tomber des barrières. On finit avec Anne Teresa De Keersmaeker qui danse son solo, ce qui est l’opposé du participatif. C’est un véritable enjeu.
Propos recueillis par Agnès Izrine
Fous de danse, dimanche 1er octobre de 12h00 à 22h00, CENT-QUATRE (Paris) dans le cadre du week-end Ouverture du CN D.
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