Entretien avec François Verret : « Le Pari »
François Verret, fédère un creuset d’artistes autour de sa création 2017 à L’Onde, et fait Le Pari qu’il est possible de résister, de nous en sortir ensemble et de renouer avec ses rêves…
Votre création s’appelle Le Pari. Pourquoi ?
Quel pari on aimerait tenter pour qu’il y ait du rire, de l’horizon, du ciel, je ne sais quoi qui fasse en sorte que l’on cesse d’être dans une forme d’immobilité complaisante, suspecte, mortifère ? L’enjeu de cette création est, entre autres, de définir ce qu’est l’art, contre la culture. Et je ne parle pas seulement du « mainstream » terrifiant issu des télévisions et autres, mais de formes beaucoup plus insidieuses qui viennent corrompre le langage, annuler toute véritable pensée par des simulacres qui laissent croire que l’on agit alors qu’ils ne font que justifier ce qui existe. Nous voulons fabriquer les gestes qui réveillent les imaginaires, donnent du désir, de la confiance, notamment pour les jeunes.
D’où Le Pari.
Comment avez-vous établi le texte de cette création ?
Le texte comporte de nombreuses questions, fruit de notre travail collectif. C’est une manière sensible d’aborder les questions singulières et irréductibles de chacun– c’est-à-dire sa subjectivité profonde. Ce qui implique un rapport au temps différent. Peut-être est-ce la première grande bataille, ralentir. Le pari est aussi à cet endroit. Il nous faut ralentir parce que tout va trop vite, l’horizon se rétrécit. La vitesse tarit l’imagination.
Comment le traduisez-vous dans les corps ?
La danse a une grande nécessité, une souplesse, un jeu de jambes, pour se frayer un passage dans un monde dirigé par les mots. Et si cet art peut survivre, c’est certainement parce qu’il ne sera pas happé par le registre du discours, il saura ne pas se justifier par les mots, ni éclairer de quoi il est fait, quel est son enjeu. C’est un art très secret, très mystérieux, très profond, très archaïque, universel, mais il faut le laisser intact. On ne sait pas du tout ce que c’est. Le mystère de la grâce. Je n’ai rien à en dire. C’est inénarrable. Je dirais ça. C’est la danse. Voilà.
Propos recueillis par Agnès Izrine
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