Seconde édition du festival Danse Solo du CNDC d’Angers
Durant une semaine, du 10 au 17 janvier, le CNDC d’Angers dirigé par Robert Swinston a honoré le solo en invitant dix artistes de renom tels que Dominique Boivin, avec son extraordinaire pièce Transports exceptionnels, Israel Galván avec Fla.Co.Men, Michèle Noiret et David Drouard pour Palimpseste Solo/Duo, Cécile Loyer avec Cirque, Tatiana Julien avec Ruines, Noé Soulier et son impressionnante performance Mouvement sur Mouvement, Raphaëlle Delaunay avec son histoire Debout, Cristiana Morganti avec sa confession poétique Jessica and me.
Transports exceptionnels - Dominique Boivin
Sur le plateau de la grande salle du Quai d’Angers Simon Tanguy s’est lancé dans un tourbillonnant monologue devant un public constitué uniquement de jeunes. Inging est inspiré d’une version pré-existante dont le concept et l’idée ont été imaginés en 2010 par Jeanine Durning, chorégraphe newyorkaise dont le travail est axé majoritairement sur la performance. Ainsi, la tâche de Simon est de parler de tout et n’importe quoi sans s’arrêter pendant 45 minutes. D’un mot il rebondit sur une autre intention tout en se mouvant subtilement entre les spectateurs et surtout en n’hésitant pas à les prendre à témoin. Cet exercice de style très périlleux à exécuter présente quelques faiblesses bien qu’il soit évident que le jeune homme désire rassembler humour, contact et partage.
Tatiana Julien - Ruines
Au THV de Saint-Barthélémy-d’Anjou, François Ben Aïm a bondit et rebondit sur vingt-cinq socles immaculés blancs tous de tailles différentes sous le regard complice de son frère Christian dans Peuplé, dépeuplé. Un solo captivant et insolite qui questionne la notion du soi par le biais de difficultés majeures dues aux nombreuses déclinaisons engendrées par cette originale scénographie. Entre la mise en péril et l’empêchement pour l’interprète de se mouvoir en pleine liberté, cet opus, accompagné en direct par une guitare basse et une batterie, parle de l’intime et de la solitude face à un enchevêtrement de dangers.
Françoiset Christian Ben Aïm - Peuplé, dépeuplé.
Enfin, très belle soirée dédiée aux soli patrimoniaux et de création avec les étudiants de l’école supérieure de danse contemporaine du CNDC. Neuf pièces de dix minutes chacune ont donné l’occasion à ces jeunes danseurs de prouver leurs talents d’interprète et d’originalité en tant que chorégraphe.
On peut remarquer qu’au niveau du patrimoine, la majorité a choisi des œuvres majeures du répertoire du début du XXème siècle. Lamentation de Martha Graham par l’excellente Alice Lada accompagnée en direct au piano, Kaddish d’Anna Sokolow par la très mature Jeanne Stuart, Trio A d’Yvonne Rainer par Lara Gouix qui maîtrise les difficultés de cet extrait, Totem ancestor de Merce Cunningham extrêmement bien dansé par Kévin Martial, enfin, Going d’Anne Sokolow par la jeune Charlotte Louvel.
Pour Claire Rousier, directrice adjointe du CNDC : « A l’orée du XXe siècle, le solo apparaît conjointement à l’émergence de la danse moderne. Il devient dès lors l'une des figures emblématiques et singulières de la modernité en danse. Le solo sort des théâtres, investit la nature ou les scènes de cabaret comme autant de lieux de sa monstration. Il marquera tout le siècle de ses apparitions successives, souvent empreintes d'une forte dimension politique ou idéologique. Dans ce travail solitaire, le danseur est à la fois acteur et spectateur de lui-même, explorateur et créateur de sa propre matière gestuelle. Par ce dialogue de soi à soi, proche parfois du journal intime ou de l'autoportrait, il opère simultanément un rassemblement et un dessaisissement de sa personne. Hommage à une personnalité, jeu avec la musique ou un concept, mobilité induite par un objet ou un environnement scénique apparaissent parfois comme des "subterfuges" pour autoriser cet échange solitaire. Avant les années 70, tous les chorégraphes ont signé des solos qui étaient comparables à de courts poèmes ».
Sur le plan de la création Jiaqi Wu s’inspire d’une poésie chinoise de 1935 pour Un rêve de, où elle danse avec l’hologramme de son double. Julien Derradj fait preuve d’une multitude d’idées avec Hors-la-loi du fait qu’en dix minutes il investit cinq lieux du plateau. Ceci prouve que, malgré un peu de fouillis à vouloir exprimer trop de choses, il possède un réel potentiel de créateur.
Deux artistes ont démontré une immense qualité de chorégraphe et d’interprète. Yohann Baran avec Thymbra qui prend d’énormes risques sur le plan de la technique et ose ainsi proposer une pièce intense, puissante et très dansée. Et Victoria Pignato qui dessine à merveille l’émouvante situation de sa grand-mère atteinte de la sclérose en plaques dans Aia Madre. Belle danseuse, elle joue non seulement parfaitement bien la situation, mais arrive en si peu de temps à raconter une véritable histoire dont on souhaiterait connaitre la suite.
Yohann Baran - Thymbra
A noter que les auditions pour la promotion 2017/2020 se dérouleront du 17 au 21 février pour les candidats résidant en France et du 11 au 14 avril pour ceux venant de l’étranger. Pour tout renseignement : www.cndc.fr
« Chaque année nous recevons deux cent cinquante candidats pour vingt qui sont acceptés et malheureusement je constate qu’il n’y a que quarante garçons qui se présentent. Nous souhaitons former des jeunes très ouverts d’esprits, de fortes personnalités afin de les accompagner vers l’identité. C’est notre marque de fabrique, en faire de bon danseur plus que de bons élèves. » termine Claire Rousier.
Sophie Lesort
Spectacles vus au CNDC d’Angers les 12 et 13 janvier
Créations de Raphaëlle Delaunay, Thomas Lebrun et Robert Swinston avec les étudiants de l’Ecole supérieur de danse contemporaine d’Angers le 21 juin au Quai.
LA PROMOTION 2014-2016 DES ÉTUDIANTS DE L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DE DANSE CONTEMPORAINE DU CNDC - ANGERS : MAXIME AUBERT, YOHANN BARAN, AMANDINE BRUN, AURANNE BRUNET-MANQUAT, PAULINE DASSAC, JUDIEN DERRADJ, LARA GOUIX, AGATA JAROSOVA, ALICE LADA, JUAN PABLO LANDAZURI, THÉO LE BRUMAN, CHARLOTTE LOUVEL, KEVIN MARTIAL, JOSÉ MEIRELES, VICTORIA PIGNATO, PAULINE SONNIC, JEANNE STUART, ANAÏS VIGNON, JIAQI WU.
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