Suresnes : Au public de jouer avec Jann Gallois
Le trio Carte Blanche de Jann Gallois se veut interactif, ludique et joyeux. Il sera présenté à Suresnes Cités Danse dans le cadre de Cités Danse Connexions #3, programme partagé avec Céline Lefèvre.
Danser Canal Historique : Carte Banche est un trio féminin.
Quel en est le sujet ?
Jann Gallois : C’est un spectacle interactif où le public participe directement. C’est lui qui dirige la pièce, à l’aide d’un jeu de cartes. D’où le titre. Il s’agit d’un système combinant nos prénoms et des chiffres. Nous l’introduisons au début de façon ludique et théâtrale. Mais les spectateurs mettent un certain temps à comprendre le fonctionnement.
DCH : Quel est l’enjeu de cette participation du public ?
Jann Gallois : Nous avons un répertoire de phrases chorégraphiques qui se combinent selon les choix des spectateurs. Il y a des micros et des jeux de cartes qui circulent dans la salle. Il y a des soirs où le public comprend très vite et d’autres où il lui faut plus de temps.
DCH : Le public doit être surpris de jouer un rôle actif.
Jann Gallois : Il s’amuse bien. En juillet dernier, nous avons donné Carte Blanche au Festival d’Avignon, dans le cadre de La Belle Scène Saint-Denis, et nous avons constaté qu’une fois les règles comprises, il développe systématiquement un petit penchant sadique envers nous.
DCH : Je ne suis pas inquiet pour vous, le public à Suresnes est très sage !
Jann Gallois : Si les spectateurs tentent de nous mettre en difficulté, c’est bien le jeu que je cherche à établir en leur laissant les rênes du spectacle pour devenir les cobayes de tous ces co-chorégraphes. Au cours du spectacle, la musique s’accélère et nos difficultés s’amplifient. Mais nous créons le spectacle ensemble, et il est donc très différent d’un soir à l’autre.
DCH : Vous me faites bien songer aux processus aléatoires de Cage et Cunningham.
Jann Gallois : Exactement. S’y ajoute que j’ai imaginé ce dispositif pour créer de l’écoute entre les gens. Les spectateurs doivent communiquer entre eux et se mettre d’accord. Avec une centaine de personnes dans la salle, si tout le monde veut y mettre sa patte, ou si une personne veut monopoliser le micro, ça ne fonctionnera pas.
DCH : Le spectateur peut-il ressentir directement son influence sur le spectacle ?
Jann Gallois : Progressivement, oui. S’il comprenait tout de suite il n’y aurait plus d’énigme et l’expérience serait moins intéressante. Il faut qu’il sorte en ayant compris le fonctionnement. Adultes et enfants comprennent à vitesse égale. Et dès qu’ils comprennent, il y a renversement de la situation et le petit jeu sadique commence.
DCH : Donc le public vous pousse à travers les registres, du hip hop à la danse contemporaine ?
Jann Gallois : Un peu, en tout cas. Nous avons dix phrases chorégraphiques qui sont très différentes les unes des autres en termes d’énergie et de style. C’est pourquoi il leur faut, au début, observer pour comprendre quel chiffre correspond à quelle phrase. Mais je ne peux pas en révéler plus…
DCH : Qui sont les deux danseuses qui partagent le plateau avec vous ?
Jann Gallois : Marie Marcon est danseuse contemporaine et hip hop. Elle a participé à la soirée anniversaire 25 ans - 25 danseurs. Aloïse Sauvage est danseuse, circassienne et comédienne, formée entre autres en hip hop et à l’Académie Fratellini. Elle est aussi clown et commence à se faire une place en tant qu’actrice à l’écran !
Propos recueillis par Thomas Hahn
Du 28 au 30 janvier à Suresnes Cités danse
Carte Blanche
Chorégraphie Jann Gallois
Avec Jann Gallois, Marie Marcon et Aloïse Sauvage
Ma Classe hip hop
par et avec Céline Lefèvre (reprise)
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