Système Castafiore : « La Théorie des prodiges »
La compagnie de Marcia Barcellos et Karl Biscuit sera au Théâtre jean Vilar de Suresnes le 7 avril prochain avec La Théorie des prodiges.
Nous avions déjà eu un avant-goût de La Théorie des prodiges, créée par le Système Castafiore de Marcia Barcellos et Karl Biscuit, nous avons été conquis par la création finalisée sur la scène de la Maison de la Danse de Lyon.
Oscillant entre la physique et la métaphysique, La Théorie des prodiges fait surgir sur le plateau le loufoque et le baroque, et réussit l'exploit de traverser obliquement les mondes parallèles, de tricoter le réel et l’imaginaire. Des tableaux ou « prodiges » expliquent les mystères du monde comme on tournerait les pages d’un manuscrit bellement enluminé venu du fond des âges du futur.
Dans ce monde enchanté et enchanteur, surgissent des créatures étranges tout droit sorties d’un bestiaire médieval du Codex Seraphinianus, une encyclopédie fantasque (dont s’est déjà inspirée Philippe Decouflé), ou du manuscrit Voynich aux merveilles tout aussi indéchiffrables. Ce monde est un curieux reflet du nôtre, car comme l’affirment Barcellos et Biscuit : « On a remplacé la magie par l’image : et ce double inversé finit par nous priver d’imaginaire ».
Sur la planète réenchantée par Castafiore, on entend les voix totalement séraphiques de Camille Joutard et Maeva Depollier dans des airs médievaux ou baroques, on découvre des animaux admirables comme le grand cerf blanc ou les licornes torsadées, on contemple une jolie cyclope.
On voit l’univers sous un nouveau jour, on comprend soudain les mathématiques (et ça, c’est un vrai prodige !). On s’y interroge sur « Le sens de la vie » avec un minotaure hippopotamus et d’éthérées derviches qui rappellent « l’acte blanc » des ballets romantiques, on glose sur « l’Infini » et « le Néant », pour en arriver au « Cantique des Quantiques ».
La danse s’accorde à merveille à ces contrées fantasmatiques, à ces décors légers de souffle et de tulles, tissés de projections et de lumière.
Cinq danseuses donnent corps à cette rêverie fantaisiste éternellement mouvante, pour faire se rencontrer l’anatomie et l’alchimie, l’inconscient et la pensée.
Le spectacle est un véritable enchantement des yeux, des oreilles et de l’esprit et une fois de plus, Système Castafiore nous autorise à « refaire le monde en s’amusant » ce qui, plus que jamais, nous est nécessaire.
Agnès Izrine
4 novembre 2016 Maison de la Danse de Lyon
Le dimanche 7 avril 2019 à 17h
Théâtre se Suresnes, Jean Vilar
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