Entretien avec Clara Andermatt
Dans le cadre de Chantiers d’Europe, festival créé par Emmanuel Demarcy-Mota pour offrir une vitrine aux compagnies d’Europe du Sud, une seule représentation de Fica no singelo investit le grand plateau du Théâtre de la Ville. Cette pièce pour trois couples de danseurs et quatre musiciens est un nouvel exemple de l’intérêt croissant que les chorégraphes contemporains portent au patrimoine vivant de la tradition.
Danser Canal Historique : Que signifie le titre, Fica no singelo ?
Clara Andermatt : Quelque chose comme « Rester dans la simplicité ». Mais il s’agit en même temps du nom d’un pas de la danse traditionnelle de l’Alentejo, région au sud du Portugal. Cette danse est en train de disparaître, mais certains la retravaillent pour la maintenir en vie. Le Fica no singelo est son pas le plus simple. Dans cette tradition, il y a une personne qui ne danse pas mais annonce aux danseurs les pas à exécuter. Et il doit se couler dans la cadence de la musique.
DCH : Vous occupez une place importante dans la danse contemporaine au Portugal. Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à la danse traditionnelle?
Clara Andermatt : Vers 1994, j’étais invité, avec Paulo Ribeiro, aux îles du Cap Vert pour mener un travail sur la musique et la danse traditionnelle capverdienne. C’était très intéressant et enrichissant, et j’ai toujours voulu mener un projet similaire sur la tradition populaire de mon propre pays. J’ai par ailleurs, après mes débuts dans la danse classique - ma mère est la fondatrice du Ballet National du Portugal - étudié le théâtre et la musique que j’aime beaucoup.
Fica no singelo - Galerie photo © Inês d'Orey
DCH : Comment passez-vous de la forme traditionnelle en cercle ou en couple à une forme pour la scène ?
Clara Andermatt : Le spectacle est empreint des chants, des gestes, du labeur, du quotidien et des regards des villageois. Je conserve les couples et le cercle dans certaines danses, dans d’autres je les déconstruis. J’utilise aussi des motifs qui viennent des rites religieux. Je peux introduire du minimalisme et des structures répétitives, si bien qu’on va vers la transe.
Propos recueillis par Thomas Hahn
Fica no singelo
Théâtre de la Ville, lundi 23 mai 2016 à 20h30
Dans le cadre de Chantiers d’Europe
http://www.theatredelaville-paris.com/spectacle-FicaNoSingelo-987
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