Un hommage à Michel Bernard philosophe de la danse
Bientôt un an après sa disparition, un hommage sera rendu à Michel Bernard le 12 février prochain dans les locaux du Centre national de la danse à Pantin (banlieue parisienne). On doit à ce philosophe d'avoir forgé quelques concepts clés pour la compréhension contemporaine de l'art chorégraphique. Il aura, en quelque sorte, appliqué au champ spécifique de la danse, les apports de la phénoménologie de Merleau-Ponty, non sans lien par ailleurs avec la pensée de Gilles Deleuze.
Lorsqu'on parle de « corporéité dansante », c'est à Michel Bernard qu'on le doit, le plus souvent sans le savoir. Un tel concept entendait battre en brèche une compréhension du corps comme unité organique close, et au contraire l'aborder comme un réseau sensori-moteur instable, soumis aux fluctuations symboliques. C'est au coeur même de la sensation, que sa recherche poursuivit les sources de l'activité ficitionnaire (et non dans un récit préalable et surplombant).
Ses deux maîtres ouvrages auront été Le corps (en poche dans les essais Points Seuil, 1995), et l'ambitieux De la création chorégraphique, compilations d'essais et articles, dans la collection Recherches du Centre national de la danse (2001). Mais le grand combat de Michel Bernard aura surtout été la création d'un département universitaire d'études de danse, qui trouva sa place au sein de l'université Paris 8 Vincennes- Saint-Denis. L'entreprise était alors pionnière, se heurtant à mille a priori qui refusaient à la danse une reconnaissance intellectuelle pleine et entière.
Gérard Mayen
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