« Ethnoscape » de Cécile Proust à Micadanses
Solo chorégraphique ponctué de témoignages vidéo, Ethnoscape réussit un pari des plus complexes. Dans une scénographie transformable qu’elle fait évoluer de ses propres mains, Cécile Proust poétise le déracinement et l’incertitude des réfugiés. Dans cette performance créée dans le cadre du festival ZOA 2015, dans la salle des mariages de a mairie du IIIème arrondissement de Paris, Cécile Proust a partagé avec le public un espace intimiste, traversé par des interviews recueillies auprès de migrants en partance pour l’Europe.
À la fois documentaire et onirique, tellurique et évanescent, Ethnoscape met en œuvre l’idée même de son titre: Un paysage « formé par les individus qui constituent le monde mouvant dans lequel nous vivons : touristes, migrants, exilés fiscaux, demandeurs d’asile, expats, roms, étudiants, gens du voyage, réfugiés... » Et le public fait partie de ce paysage en constante évolution, comme le prouve la partie participative de la performance, quand chaque spectateur annonce son lieu de naissance. Le public a alors toutes les chances de donner lui-même l’illustration de ce que le monde entier peut se trouver réuni dans une petite salle de spectacle...
Ethnographie mouvante
Le concept et le terme d’ethnoscape ont été imaginés par le sociologue et anthropologue Arjun Appadurai, et ce n’est pas le projet Migrant Bodies qui va infirmer son concept d’une ethnographie mondiale composite et mouvante. Cependant, il aurait pu inclure dans sa liste des populations concernées par le déplacement...: les artistes! Réfugiés culturels parfois, gens du voyage d’un type particulier, ils s’intéressent à la problématique migratoire grâce à la conscience de leur propre fragilité et leur mobilité.
Migrant Bodies est l’expression multi-cartes et multi-disciplinaire de cette conscience citoyenne et artistique. De 2013 à 2015, six chorégraphes (Ginelle Chagnon, Su-Feh Lee, Cécile Proust, Manuel Roque, Alessandro Sciarroni, Jasna L-Vinovrski), quatre artistes visuels (Sammy Chien, Xavier Curnillon, Jacques Hœpffner, Matteo Maffesanti) et cinq écrivaines (Sonia Chiambretto, Marie Claire Forté, Dorta Jagić, Alexa Mardon, Anna Trevisan) sont allés, avec le soutien du programme Culture 2007-2013 de l’UE, à la rencontre des migrants et les ont interrogés sur leurs expériences.
Au cours de résidences en Italie, en Croatie, au Québec, en Colombie-Britannique et en France les artistes développé une approche positive de la rencontre interculturelle, basée sur la conviction que « les migrants sont des éléments constitutifs /…/ de notre nouveau sentiment de citoyenneté multiculturelle. »
Pour la France, c’est le CDC La Briqueterie qui a soutenu le projet et accueilli, dans le cadre de la Biennale du Val-de-Marne, une restitution composée de performances, d’expositions et de colloques. Pour suivre le fil, le spectateur a lui-même du adopter une position de migrant. Ethnoscape de Cécile Proust est à la fois le fruit de cette expérience et une création autonome, rendue possible grâce à une résidence à Micadanses.
Thomas Hahn
Le 6 janvier 2015
Concept, danses, textes et interprétation : Cécile Proust
Collaboration artistique, scénographie, vidéos : Jacques Hœpffner
tarif unique : 10 euros - réservation obligatoire, jauge limitée.
réservation : 01 72 38 83 77 ou stagiaire@micadanses.fr
http://femmeuses.org / www.micadanses.com
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