Soirées en Hommage à Rudolf Noureev
BALLET NATIONAL DE L' OPÉRA DE VIENNE : Soirées en Hommage à Rudolf Noureev
Comment rendre un hommage réussi à Rudolf Noureev? Que montrer de ce qu'il a apporté à l'histoire de la danse? Ses dons d'interprète? Bien difficile de les ressusciter aujourd'hui.... Ses talents de chorégraphe? Ce n'était pas le trait le plus saillant de son génie, mais la marque de son devoir de transmission. . Sa capacité à s'intéresser à tous les chorégraphes contemporains les plus en vue? Sûrement.
Manuel Legris, qui connaît son Noureev, sur le bout de sa biographie, a concocté une soirée aux entrées diverses, du Noureev interprète de Laurencia au Kirov, jusqu'au Forsythe qu'il fit entrer à l'Opéra de Paris en tant que directeur de la compagnie. Dix oeuvres ont figuré au programme de ce gala hommage, cela fût long mais enrichissant. Long, alors qu'il aurait suffi d' intégrer Before Nightfall, la pièce réussie de Nils Christe que Noureev fit danser à l'Opéra de Paris dans le programme mixte pour alléger la soirée...
Du Noureev interprète, on a donc commencé par découvrir pour la première fois en France le pas de six de Laurencia, ballet exotique de Tchaboukiani aux espagnolades héroïques. Morceau de bravoure pour danseurs de haut vol, avec des costumes un peu trop neufs. Même bravoure pour Le Corsaire, permettant de redécouvrir à Paris la star de Vienne, l'ukrainien Denys Cherevychko, qui s'est obligé à une démonstration technique proche du cirque, là où Noureev , plus élégant, s'en abstenait rigoureusement. Le pas de deux de La Belle au bois dormant, permettait d'aborder les innombrables rôles de princes de Noureev. Concernant le Noureev chorégraphe, Manuel Legris a curieusement choisi aussi le pas de cinq du Lac des Cygnes dans sa version viennoise, alambiqué, anti-musical et bien démodé dans ces tutus anglais jaune canari.
Legris s'est aussi -à juste titre- interéssé aux chorégraphes qu'aimait Noureev, pour les avoir dansé ou programmé à l'Opéra de Paris. De ce côté-là, les choix étaient innombrables, et la sélection intéressante ou incongrue. Pourquoi La chauve-souris de Roland Petit, ballet anodin qu'il n'a jamais dansé? Sans doute à cause de la viennoiserie de la musique de Strauss... Sans doute aussi, pour y apprécier le corps de liane de la russe Olga Esina.
En revanche, on pouvait admirer les talents virtuoses des danseurs de The vertiginious thrill of exactitude, crée par Forsythe en 1996, ainsi que Black cake,'un très cocasse duo du hollandais Hans von Manen, qui fît travailler Noureev.
Enfin, la soirée pouvait s'achever sur une belle redécouverte, le Bach suite III de John Neumeier, que Noureev imposa à l'Opéra de Paris. Une suite de tableaux d'une belle fluidité, sur ces partitions de Bach, le compositeur préféré de Noureev. Lequel était très joliment mis en valeur tout au long de la soirée, à travers des photos suivies de petits films des danseurs au travail, avant de les découvrir ensuite sur scène. Comme pour mieux marquer l'idée de la transmission...
Quand au théâtre du Châtelet, il était habillé d'un grand portrait de Noureev vous tendant les bras pour mieux vous accueillir dans le hall du théâtre, avant de vous ensorceler de photos géantes, dans le foyer. Nul doute, l'homme était là, veillant avec bienveillance sur sa postérité...
Ariane Dollfus
Théâtre du Châtelet Du 4 au 6 juillet 2013
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