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« YATRA », de Andrès Marin et Kader Attou

Enfin ! Après le duo d’Israël Galvan et d’Akram Khan, celui de Rocio Molina et de Wang-Ramirez, Andrès Marin enchante là, où ses pairs en flamenco ont en partie déçu.

Dans Yatra, créé le 25 janvier dernier au Lucent Dans Teater de La Haye pour la 5e Biennale de flamenco, il s’expose sans rien perdre de son âme à un pas de deux pleinement maîtrisée avec la danse hip-hop. Et pour pimenter le tout, place l’aventure sous les auspices musicaux de l’ensemble Divana, magnifique formation de musiciens du Rajasthan accompagnée aux percussions par Manuel Wandji. Pour qui connaît les lointaines origines indiennes du flamenco, cette dernière audace n’a rien d’étonnant. Mais elle apporte à la rencontre une dimension supplémentaire, où la musique devient le terrain commun sur lequel mesurer ses différences, et ses convergences.

Galerie photo : Klaus Handner

Alors que les crossover évoqués plus haut n’évitaient pas toujours les pièges inhérents à l’exercice - le duel brillant sans vainqueurs ni vaincus, ou la fusion a minima dans un brouet d’eau tiède - ici à l’inverse, les contraires s’unissent. Jusqu’à former, non pas un langage mais un spectacle commun dans lequel chacun garde ses forces vives, tout en s’ouvrant à l’autre. Cette réussite est due en grande partie à la virtuosité des deux interprètes hip-hop, dont la danse savante est capable de résister à la fascination presque automatique exercée par le zapateado d’Andrès Marin. Elle tient aussi à l’intelligence chorégraphique de Kader Attou, qui signe la mise en scène. Plutôt que se livrer à un nouveau face à face avec l’Andalou, après leur Rencontre en 2013 pour la Biennale d’art flamenco au Théâtre de Chaillot, il a cédé la place à deux remarquables danseurs de sa compagnie, Mehdi Ouacheck et Amine Boussa.

Galerie photo : Klaus Handner

Ainsi, son regard extérieur peut-il ordonner les mille et une volutes de cet envoûtant pas de trois, où à la verticalité vibrante de l’un répondent les déplacements horizontaux des deux autres. Tout en force et en souplesse, les corps ondulent, s’enveloppent et se rejoignent sur un travail spécifique du buste, bras parallèles et torses tendus. À l’unisson, sans être dans l’imitation. Si Yatra signifie en sanskrit voyage, alors celui-ci, commande de la Philharmonie de Paris dans le cadre de son week-end Inde, est un embarquement délectable.

Isabelle Calabre

Philharmonie de Paris, 30 et 31 janvier 2015

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