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« Yalla, my friends » d’Adel El shafey

Au CCN d’Aix-en-Provence, l’ancien B-Boy monte une métaphore de sa résilience à la ville. 

Il faut aller de l’avant, dit Adel El shafey. Et il n’a pas tort. Donc : Yalla, my friends. Pour avancer ensemble. Il est sur le plateau avec Maëlle Deral, une complice artistique fidèle, rejoints par Yasmina Lammler et Rémi Richaud. Et leur amitié est la marque de fabrique du spectacle où (presque) tout se vit ensemble. Où l’on s’encourage mutuellement, se soutient jusqu’à construire un plateau de corps. On peut y faire la fête, mais doit aussi traverser des zones d’ombre quand les corps se raidissent et bougent de façon robotique ou gisent au sol dans un sommeil partagé.  Les unissons sont nombreux, en freeze comme en mouvement.

« Avanti ! » disent les Italiens, « allez ! » les Français. Cette énergie permet de surmonter quelques obstacles, et on peut songer, en suivant le parcours de ce quatuor à travers les cinquante minutes du spectacle, aux migrants et à toutes sortes de résistances à surmonter pour avancer dans la vie. Car les chemins de la vie ne sont jamais une ligne droite, mais passent toujours par des remises en cause, des reculs et de nouveaux élans. On voit donc dans les corps des protagonistes apparaître et réapparaître à plusieurs reprises un état de possession ou de contrainte qui s’exprime dans une robotique du corps où résonnent les origines artistiques du chorégraphe. 

Car Adel El shafey vient du hip hop. Il est né à Aix-en-Provence et c’est là qu’il a rencontré les danses urbaines pour ensuite être repéré pour partager quelques aventures en tant qu’interprète avec Denis Plassard et autres chorégraphes. Avec sa compagnie Le Scribe il a été coproduit à plusieurs reprises par le Ballet Preljocaj, jusqu’à Yalla, my friends  qu’il crée aujourd’hui, où il évoque sa propre expérience de vie, marquée par une lutte pour aller de l’avant et se reconstruire après avoir perdu un lobe pulmonaire à l’âge de 21 ans. 

Galerie photo © Jean-Claude Carbonne

Aller de l’avant, il le faut. Avec sa belle capacité à réunir des interprètes et présences captivantes et à créer une énergie commune sur le plateau, on souhaite à El shafey plus d’authenticité dans ses recherches pour réussir à développer une écriture personnelle. Car on le voit ici enchaîner des motifs chorégraphiques soit usuels et rebattus, soit plus singuliers mais déjà vus ailleurs, dans une production spécifique. 

Accéder à une vision et un langage personnels n’est certes pas chose facile, mais le parcours du chorégraphe laisse penser que l’encouragement qui est au cœur de Yalla, my friends  concerne tout autant son propre cheminement artistique. Après tout, les revers et rebonds au cours d’une longue marche ne sont-ils pas précisément le sujet de cette création ? Alors, il faut persévérer, creuser, avancer. Yalla ! 

Thomas Hahn

Vu le 9 février 2023 au Pavillon Noir, Aix-en-Provence

Chorégraphie : Adel El shafey
Conception : Adel El shafey, Maëlle Deral
Interprétation: Adel El shafey, Maëlle Deral, Yasmina Lammier, Rémi Richaud
Musique: Romain Constant
Lumières: Jade Rieusset, Erika Sauerbronn

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