Wang/Ramirez: « Monchichi »
Honji Wang et Sébastien Ramirez ont présenté à La Villette leur duo fondateur.
Si ce couple multiculturel s'est effectivement rencontré à travers la pratique de la breakdance, leur première production commune dépassait déjà largement toute image d'Epinal d'une pièce de danse hip hop. Monchichi arbore un grand calme, est léger et diaphane comme du papier chinois. La narration se situe aux antipodes d'histoires de banlieue, de conflits avec la police, de course-poursuites etc.
Galerie photo : Nika Kramer
Monchichi aborde des questions de société, de psychologie, du couple et du vivre-ensemble. La parole y est chorégraphiée comme ils écrivent leur partition pour les différents langages artistiques, du hip hop au tango en passant par le théâtre. Deux personnes qui parlent chacune deux langues et doivent communiquer dans une cinquième (l'anglais) ont forcément des choses à raconter.
Tout se mélange dans ce melting pot humain et artistique, et c'est Sébastien qui relate l'anecdote de l'enfance d'Honji, plongeant dans les conflits d'une enfant immigrée avec ses voisins. Honji grandit à Berlin, sous le regard distancié et méfiant d'une communauté germano-russe, eux-mêmes des immigrés luttant pour leur place. Ils jouent la carte de la suradaptation, en insistant sur le silence absolu aux heures de la sieste et sur bien d'autres règles du voisinage, appliquées de façon impitoyable. C'est eux qui l'ont baptisée « Monchichi. »
Galerie photo : Nika Kramer
Les sensibilités culturelles qui se croisent en Honji et Sébastien ont abouti à un langage chorégraphique de grande finesse. Il se définit en toutes circonstances à travers leur relation personnelle, qui naît et se déploie dans l'espace émotionnel qui relie les deux. Ils ouvrent ici des pages de leur vie, comme certains dévoilent leurs émotions au quotidien sur Facebook. Cette approche très sensible est pensée pour des salles intimistes et chaleureuses. Aussi, la pièce ne traduit pas les mêmes émotions quand elle arrive dans une salle à la Grande Halle de La Villette, plutôt froide et parfaite pour des propositions plus extroverties. Il a été d’autant plus impressionnant de voir l’accueil chaleureux que lui a réservé le public du Villette Street Festival.
Thomas Hahn
9 mai 2015 - Villette Street Festival
En tournée :
1er juin : Ankara
7-9 juillet : Durham , USA
15-19 juillet : Becket, USA
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