« Vexed Vista » d’Adam Linder au festival Aire de Jeu

De quel camouflage Vexed Vista d’Adam Linder est-il le nom ? Voilà la question que l’on pourrait se poser en voyant cette pièce où il est sans doute question de se détacher du fond. En effet, dans de belles combinaisons bleues, Adam Linder et Douglas Letheren, commencent par se confondre avec les panneaux aux motifs et à la couleur absolument identiques. C’est donc bien le mouvement qui va les faire apparaître et par là même faire surgir le(s) danseur(s). Vexed Vista qui signifie « vue chamboulée » nous parle bien de cette perturbation de la perception que provoque le camouflage, pas si loin, finalement du trompe-l’œil. Mieux, la musique que fait jaillir Frédéric Tardy de son hautbois, n’est autre qu’une matérialisation physique du souffle, magnifiée par le Solo IX du compositeur Kalevi Aho.

Mais, pour accroître ce sentiment de trouble visuel, Adam Linder s’amuse également à dissocier tous les éléments de la pièce (musique, danse, scénographie, costumes, lumières) comme on dissèque une belle horlogerie… parfois sans pouvoir la remonter.

Avec un humour un peu pince-sans-rire, nos danseurs interprètent une chorégraphie à angle droit, une sorte d’équivalent chorégraphique de la Musique d’ameublement chère à Eric Satie, avec son côté un peu dadaïste, et ses collages de techniques, où l’on peut distinguer de la danse classique revisitée ou du gaga (Douglas Letheren vient de la Batsheva Dance Company) mais totalement camouflée car raidie alors que cette technique est tout en fluidités.

Le spectacle n’est pas par essence une technique du camouflage ? Adam Linder semble avoir trouvé la réponse à cette question !

Agnès Izrine

Le 29 janvier 2015, Les Subsistances dans le cadre du Festival Aire de Jeu, Lyon

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