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Une soirée très 1999 par la Cie Alvin Ailey au Châtelet

À la fin, le public est debout et ne veut pas laisser partir les danseurs. Les Étés de la Danse peuvent créer de soirées festives, comme le 25 juillet au Théâtre du Châtelet. Robert Battle, qui a succédé à Judith Jamison comme directeur artistique de la compagnie, a concocté une soirée particulièrment animée autour de sa propre pièce, The Hunt (La Chasse), sextuor masculin créé en 2001 sur trois musiques de Tambours du Bronx. Ce groupe phare des années 1990 met le feu au plateau, par éclairages interposés.

Dans une ambiance nocturne, une communauté se réunit pour un rassemblement rituel et festif. Vêtus uniquement de jupes noires qui semblent sortir tout droit des ateliers d'un Kenzo, les six hommes dessinent des lignes diagonales ou circulaires avec l'énergie et la précision de danses Haka. On connnaît la puissance dramatique des Tambours du Bronx, musique aussi tribale qu'industrielle, parfaitement en mesure d'évoquer des rassemblements d'esclaves, leurs danses, leurs peurs, leurs extases...

La dispersion soudaine de la ronde, dans une panique manifeste, va dans le même sens, mais Le Sacre du Printemps envoie également quelques signes de vie. Dans cette pièce créée il y a quatorze ans, l'énergie des danseurs est autant celle de la proie que l'épuisement du chasseur. Transférée vers le paysage actuel de la danse contemporaine en Europe, la pièce de Battle se révèle être un miroir tendu aux tendances actuelles, dans le travail omniprésent sur des danses traditionnelles et sociales.

Avec The Hunt, la salle est bien chauffée pour accueillir Minus 16 d'Ohad Naharin.  Créée en 1999 par le NDT II et donnée à la compagnie en 2011, cette pièce est en fait une composition d'extraits de plusieurs oeuvres de Naharin (Mabul, Anaphaza et Zachacha), et la compagnie, ici au grand complet, s'y montre parfaitement à l'aise.

Ils ont aussi un regard très fin pour trouver dans la salle des spectateurs qui sont à l'aise pour monter sur le plateau et s'intégrer dans une chorégraphie partagée. Dans leurs costumes de ville noirs, ils imposent un ordre bienveillant qui met à l'aise les spectateurs dansants. Le résultat est d'une harmonie étonnante et très différent de l'approche d'autres compagnies, qui sont plusieurs à avoir Minus 16 au répertoire (Grands Ballets de Montréal, IT Danza...).

La soirée avait débuté avec Grace de Ronald K. Brown, entre gospel et funk, qui débute  par un solo féminin interprété en robe blanche, comme pour un hommage à Jamison. La transition vers les tableaux de groupe et l'univers funk est brutale, la pièce très mécanique.

Le pas de deux After the Rain de Christopher Wheeldon crée une articulation curieuse, comme une respiration classiciste entre des pièces basées sur des formes populaires. Deux pièces vite balayées par la force de Hunt et Minus 16.

"After the Rain" © Paul Kolnik

Thomas Hahn

Théâtre du Châtelet, 25 juillet 2015
lesetesdeladanse.com

 

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