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« Un break à Mozart 1.1 » de Kader Attou

Avec l’orchestre des Champs-Elysées sur scène, cette époustouflante création de Kader Attou entremêle les genres sur deux œuvres majeures de Mozart, Don Giovanni et Le Requiem.

C’est à La Coursive de La Rochelle que Kader Attou a présenté sa création Un break à Mozart 1.1 qui n’est absolument pas une relecture du premier opus qui portait le même titre, mais bien d’une nouvelle œuvre à part entière accompagnée par une partition musicale transcrite par l’Orchestre des Champs-Élysées.

En fond de plateau, les dix musiciens de l’Orchestre des Champs-Elysées interprètent l’ouverture de Don Giovanni uniquement sur des instruments à corde. Dans l’ombre, un danseur traverse la scène avec juste un léger mouvement de bras. Puis, Mozart s’installe longuement dans toute sa splendeur exactement comme le début d’un opéra.

Puis, vêtus de pantalons noirs et chemises blanches, les onze danseurs entrent et vont, jusqu’à la fin de la pièce, produire une danse inclassable et novatrice. Car, Kader casse les codes du hip-hop et croise tous les styles grâce à une écriture chorégraphique extrêmement riche.

Tout l’intérêt de la pièce réside dans la façon dont le chorégraphe arrive à mettre en exergue et la musique et la danse. De rapides gestes du haut du corps, qui ne sont absolument pas en corrélation avec la partition, il va, d’un seul coup, développer un lent et magnifique mouvement de tour sur une main, qui lui, correspond exactement au tempo de Mozart.

Et justement, à chaque fois que l’on a le sentiment que Kader se perd quelque peu dans son enthousiasme, il y a toujours, au moment où on ne s’y attend pas, une osmose vaporeuse entre les deux arts. Soit le mouvement rejoint les notes, soit les instruments à cordes se marient à la danse. Et là, c’est du grand art !

Du grand art aussi parce que le rythme est magistralement bien dosé et extrêmement soutenu. On se demande même quand les interprètes trouvent le moyen de respirer tant ils sont sollicités. Ces cassures de tempo entre le Jackhammer, HeadSlide, AirFlare et autres figures propres au hip-hop s’entremêlent savamment avec une danse contemporaine très liée qui permet de savourer ensuite Le Requiem de Mozart. `

Car il en faut du talent pour oser poser de la danse sur deux tels chefs-d’œuvre. Nombreux sont les chorégraphes qui s’y sont perdus. Entre solos, duos et ensembles, la danse nette, précise, nerveuse, gracieuse, sauvage et à la limite de la haute voltige, est empreinte de fraicheur, d’élégance et de dignité.

On peut même imaginer que le joyeux vivant qu’était le jeune Mozart aurait apprécié cette corrélation entre son œuvre et cette danse de vie. Danse de vie sur la séduction avec Don Giovanni et sur la mort avec Le Requiem.

Galerie photo © Olivier Drilhon

La dramaturgie musicale retravaillée par l’Orchestre des Champs-Elysées est ponctuée par des sons célestes qui définissent les messages codés des loges ésotériques vers qui Mozart s’adressait dans la plupart de ses ouvrages.

Avec ses excellents interprètes à la technique infaillible, Kader Attou effectue un tournant radical de son écriture chorégraphique. Entre danse d’aujourd’hui et musique des lumières, il signe un resplendissant et réjouissant opéra ballet.

Sophie Lesort

Création vue à La Coursive, La Rochelle

Un break à Mozart 1.1
Direction artistique et chorégraphie : Kader Attou
Interprètes du CCN de La Rochelle / Cie Accrorap : Mickaël Arnaud, Sim’Hamed Benhalima, Bruce Chiefare, Babacar “Bouba” Cissé, Virgile Dagneaux, Erwan Godard, Kevin Mischel, Jackson Ntcham, Artem Orlov, Mehdi Ouachek, Nabil Ouelhadj
Orchestre des Champs-Élysées : Direction Philippe Herreweghe
Bénédicte Trotereau – violon et direction, Clara Lecarme – violon, Philippe Jegoux – violon, Thérèse Kipfer – violon, Ilaria Cusano – violon, Marie Beaudon – alto, Wendy Ruymen – alto, Vincent Malgrange, violoncelle, Harm-Jan Schwitters – violoncelle, Michel Maldonado – contrebasse
Création lumière : Denis Chapellon - Création des costumes : Josy Lopez
Régie son : Cédric Le Gal

En tournée : 6 et 7 décembre : Poitiers, Théâtre Auditorium de Poitiers 18, 19 et 20 mai : Sceaux, Les Gemeaux, Scène Nationale 22 et 23 mai : Châlons-en-Champagne, La Comète, Scène Nationale

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