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« Tout doit disparaître » de Philippe Decouflé

Le spectacle commence une fois que les gens franchissent les portes du théâtre. (Philippe Decouflé).
A ne pas rater du 27 septembre au 6 octobre à Chaillot-Théâtre national de la Danse !

De gré ou de force, à son corps défendant généralement et que ça plaise ou non, la génération de la Nouvelle danse française qui a coïncidé avec celle dite « Mitterrand », passe le flambeau à une horde – littéralement – de chorégraphes, certains, les plus malins, promis à un brillant avenir, d’autres, favorisés par leur bonne étoile (= le bon réseau d’influence), ayant à faire leurs preuves. Dans ce contexte, les représentants de ce qui fut l’avant-garde tirent le bilan d’une carrière, d’une vie.

Rétro

L’un des plus doués surgi de la période punk, lauréat du Concours de Bagnolet du regretté Jaques Chaurand (1928-2017) – compétition souvent imitée, jamais égalée – après avoir, il faut dire, chopiné aux meilleures sources – Annie Fratellini, Marcel Marceau, Alwin Nikolais, Merce Cunningham, Karole Armitage, Michael Clark et... Régine Chopinot, excusez du peu ! – nous gratifie dans quelques jours d’un spicilège de preuves de son talent, prenant prétexte d’une visite à Chaillot mimant celles de nos bons vieux monuments historiques. Précisons, pour ceux qui débarqueraient de Mars ou de Jupiter, que le sérieux avec lequel DCA (la compagnie decoufléenne) réalise l’idée la plus loufoque et le geste a priori le plus infaisable nous garantit une tranche de franche rigolade à la minute.

Ce qui semble de bon augure pour les festivités du Centenaire du TNP de Firmin Gémier qui aura lieu l’an prochain. Le chorégraphe et sa troupe, associés à Chaillot, ont eu carte blanche du directeur de l’établissement, Didier Deschamps pour occuper l’espace et le temps qu’il faut pour concrétiser la chose. Pour le prix d’une place d’opéra de catégorie 3, le spectateur aura le loisir de découvrir l’œuvre complète ou presque – en tout cas à ce jour – du maestro en même temps que le bâtiment, en particulier la salle Gémier magnifiquement restaurée par l’actuelle direction.

De fond en comble

Le titre du best of, Tout doit disparaître, annonce la fermeture pour travaux de la salle Jean Vilar prévue pour 2022 et célèbre, non sans une certaine nostalgie, la fin de l’âge d’or de la danse contemporaine hexagonale – non nécessairement la cessation d’activités du chorégraphe ou de sa troupe. D’une manière ou d’une autre, le « spectacle continue », en effet, y compris pendant les travaux. Les danseurs ou, comme on disait dans les années vincennoises, les « actants » - comédiens, mimes, acrobates, cabots de tout acabit – feront office de guides, quatre ou cinq heures durant selon le forfait choisi par le visiteur et dévoileront gaiement les coins et recoins du palais qui date, lui, de 1937, des halls et escaliers en marbre aux trois salles de jauge différente, des foyers aux sous-sols, des coulisses aux plateaux.

Outre des pièces ou extraits d’œuvres du répertoire de l’artiste, on aura droit à des saynètes écrites pour l’occasion, des attractions diverses proches de celles de l’art forain, des sketches, des numéros de music-hall, des actions et des actes, pour ne pas dire « performances » qui rivaliseront de poésie et d’humour. Le spectateur plus ou moins acteur composera lui-même son parcours en vaquant d’un espace-temps à l’autre.

Philippe Décuplé

Tous les moyens sont bons pour le chorégraphe et la troupe considérable de danseurs qu’il a mobilisés pour l’occasion – celle-ci faisant, on le sait, le larron –, parmi lesquels : Clémence Galliard, Christine Bombal, Dominique Boivin, Michèle Prélonge, Olivier Simola, Pascale Henrot, Benjamin Lamarche, Pascale Houbin, le chorégraphe himself, etc. Et des musiques, entre autres, de Joseph Racaille et Hughes de Courson. Des lumières de Patrice Besombes et Begoña Garcia Navas. Des vidéos et des opticons d’Olivier Simola et Laurent Radanovic. Des costumes de Philippe Guillotel et Laurence Chalou.

Des textes, notamment d’Aurélia Petit, Alice Roland et du regretté Christophe Salengro auquel le spectacle est dédié. Pour ce qui est du programme proprement dit, le « pass » noir donne droit à des morceaux choisis d’Octopus, Decodex et Wiebo ; le « pass » blanc permet l’accès à des tableaux de Shazam ; le super « pass » permet d’assister à ces deux spectacles donnés salle Vilar. Au cours de sa déambulation, l’amateur découvrira des installations, des dispositifs, des pièges visuels, des surprises pour train fantôme ayant pour titres : Le Déshabilleur, Man Ray, Le Plasma japonais, Le Grand kaléidoscope, Le Kaléidoscope vertical, Garmaine, Rita, Simone, Tranche de Cake, Triton, Petites pièces montées, Sombrero, Octopus, etc.

Nicolas Villodre

Compagnie DCA / Philippe Decouflé, Tout doit disparaître, du 27 septembre au 6 octobre 2019, Chaillot, Théâtre national de la danse.

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