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Suresnes Cités Danse : Cités danse connexions #3

C’est un Cités Danse Connexions un peu exceptionnel que programmait Suresnes Cités Danse pour clore le festival, avec une présence renforcée d’Amala Dianor, dans une création et une reprise.

Dans Trait d’union, création d’Amala Dianor, la danseuse Sarah Cerneaux et le calligraphe Julien Breton (aka Kaalam) se rencontraient pour la première fois sur un plateau. Pourquoi pas ? Ces deux formes d’expression ne réunissent-elles pas toutes deux l’écriture et le mouvement ?

Galerie photo Trait d'Union  : Laurent Philippe

Avec ses gestes, au départ bien mystérieux, Julien Breton semble mesurer l’espace, tandis que Sarah Cerneaux, au contraire, concentre toute la gestuelle dans son seul corps, comme pour comprimer une énergie explosive et latente. Peu à peu l’écriture se structure. Elle, exécute des fentes et des poses proches des Arts martiaux, lui, armé d’un soc de lumière, contrecarre ses élans, inverse un rapport de poids et de tensions diverses qui se traduit par des courants et des échanges, de l’actif et du passif.  Bientôt surgit sous nos yeux, projetées en fond de scène,  de superbes calligraphies, résultat de ce mariage du geste et de la lumière. L’élément essentiel en est cette courbe qui répond au  mouvement du corps et qui, à l’équilibre mort de deux perpendiculaires, substitue l’énergie et le ressort de la vie. L’œil s’habitue alors à suivre les volutes lumineuses engendrées par Julien Breton et en lire les répercussions dans les lignes de Sarah Cerneaux. Doublées par la projection de leurs ombres au sol qui s’affirment, le duo prend une consistance inédite pour notre plus grand plaisir.

Galerie photo Man Rec  : Laurent Philippe

Man Rec, toujours d'Amala Dianor, est un solo à teneur autobiographique comme l’indique son titre signifiant en Wolof « Seulement moi ». Mais loin d’être narratif, ou nostalgique, Man Rec est une sorte de carte d’identités des danses traversées par son auteur, des danses urbaines à la danse contemporaine en passant par les arts martiaux et les danses africaines. Mais le dénominateur commun a toutes ces danses, c’est Amala Dianor lui-même. À la fois fin et fluide, il est le champion du mouvement sans heurt. Tout semble aller de soi dans ce récit chorégraphique de haute volée.

Dos au mur, tout en étant plus convenu, ne manque pas d’humour. Le titre est à entendre au sens littéral, les deux interprètes, Camille Regnault aka Kami et Julien Saint Maximin aka Bee D en sont aussi les chorégraphes, tous deux autodidactes.

Galerie photo Dos au mur  : Laurent Philippe

Dans ce duo, les danseurs chorégraphes explorent toutes les figures possibles quand un mur vous entrave ou vous protège. Apesanteur et comique de situation sont au rendez-vous. La gestuelle, plutôt ingénieuse, nous fait découvrir la grammaire du hip hop sous un tout autre jour. Il faut dire que le passé de gymnaste de haut niveau de Camille Regneault ne compte pas pour peu dans cette chorégraphie souvent acrobatique, parfois proche d’un nouveau cirque, avec ses escalades et ses chutes en rappel. Ajoutons que Camille a longtemps collaboré avec Pierre Rigal et qu’elle y a certainement  affûté son goût pour l’absurde scénographique à ses côtés. Une jolie découverte.
Agnès Izrine
Le 10 février 2018. Suresnes Cités Danse.

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