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Suresnes cités danse, 24ème !

Heureusement, il y a Suresnes ! Jamais peut-être, en ces temps troublés, le festival des danses urbaines créé il y a vingt-quatre ans par Olivier Meyer n’aura été si nécessaire. Parce qu’il a été, dès l’origine, conçu comme un lieu de rencontres, d’échanges et d’excellence. Parce qu’il rassemble tous les publics dans un esprit fraternel autour du bonheur de danser.

Et surtout parce que, à rebours d’un monde chorégraphique où chacun campe volontiers sur son pré carré, il permet - mieux, il favorise ! - les glissements transgenres et les échappées belles hors des sentiers battus, fussent-ils ceux du hip hop, afin qu’éclosent les découvertes.

Illustration avec le spectacle d’ouverture de cette 24e édition, Street dance club, confié à Andrew Skeels. Bostonien vivant à Montréal, ce danseur à la formation éclectique est l’un des solistes des Grands Ballets Canadiens, alors qu’il a commencé la danse classique à l’âge tardif de 17 ans.

Photos : Alain Benhamou

Depuis 2010, il a en parallèle débuté une carrière de chorégraphe et crée pour le Festival un spectacle avec sept danseurs hip hop, auditionnés et choisis par ses soins au printemps dernier à Suresnes. Comme l’annonce son titre, Street Dance Club emprunte à la magie pétillante du Cotton Club des années 30, sur une partition jazz ciselée par un des fidèles du théâtre Jean Vilar, le compositeur Antoine Hervé.

Quant à la danse, à l’image du creuset de cette époque mythique qui a vu naître les danses nègres et le lindy hop, elle puise à l’énergie du hip hop pour inventer ses propres lois, avec un seul mot d’ordre : divertir !

Au chapitre du cross over, l’autre surprise du festival est le Trio Amala-Junior-Sly, mis en scène par Matilda May. En 2013, cette dernière nous avait déjà bousculés en créant ici même un inclassable Open Space, jubilatoire pièce de théâtre sans paroles où les corps tenaient lieu de dialogue.

Elle récidive dans l’audace en réunissant sur une même scène trois virtuoses de la danse debout, du break et du beatbox, auxquels elle donne les clés pour « un voyage alliant nos différents parcours ». Excitant, à coup sûr.

Tout aussi attendu est Compact, la nouvelle création de Jann Gallois qui, après les très remarqués solos P= mg et Diagnostic F20.9, tente cette fois l’aventure du duo avec le danseur Rafael Smadja dans le cadre de Cités danse connexions 1.

Au cours du même programme, on découvrira A flux tendu par le collectif 4e Souffle sur des textes de Muriel Henry, une ancienne interprète de Montalvo passée par une formation de clown.

Autre événement de poids, la re-création d’un objet aussi poétique que rare, Des mondes et des anges de Dominique Rebaud. En trois pièces et six interprètes, la chorégraphe donne à entendre les mots d’Arthur Rimbaud sur les gestes du hip hop et de la danse contemporaine. Créés à Suresnes cités danse puis représentées notamment à l’Opéra Bastille, Voix-Yel (1996), Mouv’ment (1997) et Age d’Or (1998) sont à nouveau réunis en triptyque pour une immersion sensible dans le Monde des anges.

Quant au second programme de Cités danse connexions, il remplit plus que jamais sa mission de tremplin des nouveaux talents. Nawal Lagraa, qui participé à la création du Ballet contemporain d’Alger avec son époux Abou Lagraa, y présente Do You Be, créée cet automne à la Maison de la Danse de Lyon.

Dans cette première chorégraphie en solo, elle questionne l’identité féminine avec sept jeunes danseuses amateurs formées au cours d’ateliers de création.

De son côté le danseur hip hop Laos, ex de Choréam et des Black Blanc Beur, qui fait dialoguer son break avec le saxophoniste et danseur Kevin Theagène dans le duo Sans Paroles.

Pour autant, le festival n’oublie pas de rendre hommage à ce qui l’irrigue : le hip hop aussi pur que jouissif, celui qui fait tourner les têtes des danseurs comme des spectateurs.

Ainsi, les Rencontres hip hop réuniront deux groupes champions du monde : les Lyonnais des Pokemon Crew, avec la nouvelle création de Riyad Fghani Hashtag, inspirée par l’omniprésence des téléphones portables et des réseaux sociaux dans les vies contemporaines ; et les breakeurs coréens de Morning of Owl, qui créent Harmonize de Seung-Ju-Lee.

On pourra aussi applaudir la comète Pixel, de Mourad Merzouki, qui au fil des tournées, poursuit depuis sa création en 2014 sa trajectoire fulgurante. Entre les effets numériques d’Adrien Mondot et Claire Bardanne et la musique d’Armand Amar, les onze danseurs de la Cie Kafig n’en finissent pas d’envoûter tous les publics !

Isabelle Calabre

Du 15 janvier au 8 février 2016

http://www.suresnes-cites-danse.com/

 

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