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« Sunny » d'Emanuel Gat

Une création superbe d’Emanuel Gat, chorégraphe associé à Montpellier Danse et soutenu par la Fondation BNP-Paribas.

Dès qu’un personnage étrange sorte d’oiseau à fourure ou emblème totémique des jardins entre sur scène, on se dit qu’il y a du nouveau chez Emanuel Gat. Il sera bientôt rejoint par une bande en maillots de bain tandis qu’Awir Léon (alias François Przybylski, danseur chez Gat) compositeur présent sur le plateau, fait entendre Sunny, le tube de 1963. Loin des pièces précédentes, même si les danseurs improvisent selon des procédés dictés par Emanuel Gat, on sent moins la contrainte. La gestuelle est plus souple, plus individuelle et surtout plus intime.

Photos © Emanuel Gat

Par contre, l’extraordinaire gestion de l’espace reste la griffe d’Emanuel Gat. La chorégraphie se déploie tel un organisme vivant qui ouvrirait toutes ses antennes. Avec un sens, au fond très cinématographique, de la distance juste entre les corps, ce sont ces rapprochements ou ces éloignements qui tissent toute la dramaturgie de la pièce, lui donnent sa couleur innimitable. Bien sûr, cela tient également au déroulement lui-même de la gestuelle, cette fois conçue en dehors de toute rythmique marquée. Le temps est celui que prennent les corps à se déplacer, seuls ou en groupe mais toujours en conservant ces « barricades mystérieuses » entre chacun des corps. Il faut dire que le théâtre de l’Agora est un cadre exceptionnel qui réhausse encore la chorégraphie du souffle du vent et d’une atmosphère à nulle autre pareille.

Pour le reste, on voit parfois apparaître des costumes qui semblent avoir été chippés chez Max Ernst pour leur côté radicalement étranges et surréalistes, des mouvements en ligne sur le front de la scène qui rappellent un peu la Batsheva, et à la fin, une chorégraphie joyeuse, d’une belle écriture, extrêmement originale dans son vocabulaire, brillante dans sa combinatoire, intelligente dans sa façon de mêler à une danse virtuose des gestes très quotidiens.

Photos © Emanuel Gat

La musique électronique d’Awir Leon, sait comme la danse, se disséminer en d’infinies variations, qui parties de la chanson, en arrivent à une composition singulière qui retient l’attention et fait apparaître un monde sensible.

Agnès Izrine

Le 25 juin 2016 au Festival Montpellier Danse, Théâtre de l’Agora.

Chorégraphie et lumières : Emanuel Gat
Danseurs Annie Hanauer, Anastasia Ivanova, Pansun Kim, Michael Lohr, Geneviève Osborne, Milena Twiehaus, Tom Weinberger, Sara Wilhelmsson, Ashley Wright et Daniela Zaghini.

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