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« Solo 70 » de Paul-André Fortier et Etienne Lepage

Paul-André Fortier est né à la danse dans les années 70 au cœur même de l’une des aventures chorégraphiques les plus novatrices du Québec et du Canada, celle du Groupe Nouvelle Aire où se sont retrouvées les personnalités créatrices les plus marquantes qui, avec lui, ont bâti la renommée de la danse québécoise des années 80 jusqu’à aujourd’hui. Il est le précurseur, très tôt reconnu par ses pairs, d’une théâtralité chorégraphique qui affichait haut et fort les tensions du monde contemporain dans une forme drue, exigeante et rigoureuse.

Presque cinquante ans plus tard, le danseur et chorégraphe demeure fidèle à ses engagements et le prouve dans cette dernière création, Solo 70 jouée dans la salle Firmin Gémier du théâtre de Chaillot.

Galerie photo © Sandrick Mathurin

En guise de cadeau d’anniversaire pour ses 70 ans, Paul-André Fortier dessine une pièce aux multiples facettes où la sensibilité et la douceur d’un corps vieillissant ne sont guère annonceurs de paix et de sérénité, mais plutôt d’une nouvelle prise de conscience de l’état si violent du monde actuel.

Oui, tel que le titre l’indique, le danseur et chorégraphe est seul, mais uniquement dans le carré noir dessiné sur un sol immaculé blanc. Hors de ce cadre sont installés un comédien, Étienne Pilon et une jeune femme, Jackie Gallant qui joue en direct à la guitare sa propre composition musicale. 

Soit deux générations qui ont vécu et qui vivent des expériences radicalement différentes. C’est justement tout l’intérêt de cet ouvrage écrit par Étienne Lepage qui met en exergue le temps. Le temps présent, le temps passé, ceci tout en posant la question du futur proche.

Galerie photo © Sandrick Mathurin

Paul-André Fortier effectue de nombreux pas durant plus d’une heure. Il marche au sein du motif, s’y déplace délicatement, un mouvement d’épaule gracieux, un bras qui se lève, et il reprend sa route. La musique éclate d’un coup dans un style très rock et très puissant. Contraste ! Un texte est dit très vite sur des sons qui permettent de comprendre juste quelques mots. Ceci ressemble à un clash provocant alors que le danseur reste imperturbable. Contraste entre ces univers si différents. Pour autant, il se dégage une belle complicité entre ces trois interprètes.

Puis, le comédien intervient au centre du plateau. Il prononce des mots terribles sur les Hommes, sur le monde, sur les réfugiés, sur la vie… alors que Paul-André Fortier se tient dos au public et montre ses fesses. Une vidéo de guerres complète le tableau. Contraste avec une première partie quelque peu lancinante.

Un trio performance fort peu sage pour Solo 70 qui conjugue esthétique et liberté de parole.

Sophie Lesort

Spectacle vu à Chaillot le 23 mai 2018

Solo 70

Mise en scène : Paul-André Fortier, Étienne Lepage
Chorégraphie : Paul-André Fortier
Texte : Étienne Lepage
Musique : Jackie Gallant
Lumières : Jock Munro
Scénographie : Marc Séguin
Costumes : Denis Lavoie
Assistanat chorégraphie, direction des répétitions : Ginelle Chagnon
Avec Paul-André Fortier, Jackie Gallant, Étienne Pilon
 

 

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