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« Six », création de Nathalie Pubellier au festival Dance Box

Une déambulation chorégraphique par la Cie L’Estampe où l’intime surgit et met en question la bienséance apparente. Par six fois…

Trois duos ou six solos? Trois diptyques, peut-être. Six personnages se laissent envahir et emporter par l’enfoui, par le désir et le sensuel... Six phantasmes où le contrôle cède, où la carapace se brise, où l’intime surgit et la posture officielle craque. Une idée de transe surgit, mais s’efface aussitôt, pour laisser place à la tentative de résistance suivante.

Un chef d’orchestre (Izidor Leitinger, également compositeur de certaines musiques du spectacle) dirige ses musiciens imaginaires et termine en extase, parfois au sol, comme drogué par Mozart.  Quand la musique s’éloigne et nous parvient tel un écho, la muse en robe XVIIIe siècle (N. Pubellier) s’éveille. Le buste, les bras et la tête s’adonnent à des rêves doux et chauds.

Galerie photo © Patrick Berger

Ailleurs, en même temps, une nymphe en guise de Faune (Keiko Sato) est attirée par la musique de Débussy et plongée dans une lumière verdâtre par Jean Gaudin, assis sur le côté. Sur talons aiguilles, elle avance vers lui, au fil d’une piste étroite qui évoque un défilé de mode, autant que la traversée du plateau chez Nijinski. Mais ses genoux sont pliés, le bassin excité. Cette femme très contemporaine négocie ses pulsions éternelles et son animalité pour finir adossée au mur, révélant soudainement un surprenant côté androgyne. A son apparition succède celle de Benoit Gauthier,  Faune contemporain et secoué de tremblements, se frottant à ses propres phantasmes sur des échos lointains de Nina Simone...

Dans le troisième espace, Wanjiru Kamuyu, les pieds nus sous une robe de soirée rouge feu, donne une démonstration de puissance féminine, dans la force des cérémonies chamaniques. Elle pourrait ainsi sortir d’un bal, aussi bien que d’un spectacle d’Alvin Ailey. La diva cède la piste à Sibille Planques, en noir et blanc, aux allures strictes et rigoureuses, émotionnellement aux antipodes de Kamuyu. Apparemment... Mais sa froideur finit par fondre. Toute aussi grande et amazone que Kamuyu,  rappelant le crédo « mes jambes sont des armes » des cancaneuses, elle n’est pas sans dialoguer avec le flamenco ou le clubbing.

Par deux fois, les spectateurs se sont croisés entre les caves voûtées de l’Espace Culturel Bertin Poirée, médusés par ce qu’ils venaient de vivre, essayant de deviner sur les visages des autres ce qu’ils allaient voir à l’étape suivante. La proximité et l’intimité de ces rencontres avec la danse, véhiculent une empathie forte et une idée de liberté intérieure qui font de Six un événement singulier dans le paysage de la danse.

Thomas Hahn

Spectacle créé du 19 au 21 avril 2017 au festival Dance Box, Espace Culturel Bertin Poirée

www.tenri-paris.com/art

www.nathaliepubellier.fr

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