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Roy Genty, créateur des costumes de « Salut »

Suite de notre reportage sur la création de Salut de Pierre Rigal, nous avons rencontré Roy Genty, directeur artistique chez Issey Miyake et créateur des costumes.

Danser Canal Historique : Pierre Rigal m’a dit qu’il avait découvert que vous aviez un rapport avec l’Opéra. De quel ordre est-il ?

Roy Genty : Ma mère était Première danseuse à l’Opéra à l’époque d’Yvette Chauviré. Elle s’appelait Paulette Dynalix et a créé La Lune dans Mirages de Serge Lifar. Salut est une sorte de condensé imaginaire d’une traversée de la danse depuis ses origines. C’est ce qui m’a séduit. Pierre m’a parlé de son idée du ballet et du corps, en tant que masse abstraite, presque comme une matière. C’est ce qui m’a amusé car on retrouve par là des thèmes qui traversent le ballet mais de manière moderne. Comme le thème des vivants et des morts, de l’animalité, du double, de l’alternance du jour et de la nuit, qui sont, au fond, les ingrédients du ballet romantique, par exemple dans Giselle, ou Le Lac des cygnes. Mais il le réinterprète à sa manière, comme un écho lointain.

 

DCH : Comment avez-vous conçu ces costumes ?

Roy Genty : L’idée était de pouvoir convoquer ces figures du passé et de les faire évoluer. De plus, Pierre voulait des vêtements qui soient le prolongement des corps mais qui puissent être aussi des coquilles vides, exister sans les danseurs, qui fassent penser à des carapaces, ou des résidus. Il fallait donc trouver des matières assez raides, que l’on perçoive comme un vestiaire classique. Mais en réalité, même les tutus ont été revisités. Ça ne se voit pas du premier coup d’œil, mais ils ont une maille beaucoup plus grosse, donc ils sont plus raides. Ces costumes sont donc beaucoup plus techniques voire technologiques qu'un vêtement classique. Ils font penser à des poupées ou rendent les danseurs plus proches, par moments, d’un mannequin inanimé. Pierre en fait des sortes d’écorces qui se détachent, laissent deviner des marionnettes qui s’animent par elles-mêmes. Apparaissent alors des créatures qui ne sont plus de l’ordre de l’humain. C’est un vrai moment

entre cauchemar et fantasmagorie, on est dans un univers étrange. Le concepteur lumière dit que ça fait penser à Jérôme Bosch. Ce sont des créatures qui sortent de nulle part. En même temps, on sait très bien d’où elles viennent puisqu’on a vu les costumes, mais il y a une transformation. Ça devient des accessoires de jeu, des prolongements. Pierre s’est mis dès le début à jouer avec la veste pour en faire une espèce d’animal, de personnage bizarre, de totem animiste.

DCH : Avez-vous apprécié cette expérience ?

Roy Genty : Ce que j'aime dans cette collaboration avec Pierre, c'est qu'il ne cherche pas un "costumier" au sens traditionnel du terme, mais une vraie complicité qui fait en sorte que les costumes soient partie prenante de cette création. C'est un dispositif plus qu'une façon d'habiller des danseurs.

Propos recueillis par Agnès Izrine

À suivre, entretien avec Joan Cambon, compositeur de Salut

Lire aussi l'entretien avec Pierre Rigal, Roy Cambon, et le reportage

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