Qui est Dance On, la compagnie qui arrive au CN D ?
Spectacles et ateliers au CN D, avec cet ensemble berlinois qui veut changer le regard sur la danse.
Le principe de Dance On est le 40+, lu à la manière anglaise: « Fourty plus », ce que nous pourrions par exemple exprimer par un >40. A entendre en années de vie. Si une compagnie de danse décide d’en faire un critère dans la sélection de ses artistes chorégraphiques, voire dans sa raison d’être, elle met un peu le monde à l’envers - surtout par rapport à mai 1968, dont on commence à commémorer les cinquante ans. Il faillait à l’époque « se méfier de tous ceux ayant plus de trente ans ». Mais pour Dance On, ce sont donc aujourd’hui les moins de quarante ans dont il faut se méfier.
Danse et sciences
Pourtant, Dance On ne s’est pas créé par ostracisme envers les jeunes danseurs, mais pour changer le regard sur la danse et les danseurs et sur les personnes âgées en général. Le message du nom de cet ensemble berlinois et international n’est pas « ne dansez pas », mais justement un « continuez à danser ! » (en anglais: dance on !) Aussi les activités de Dance On incluent la création et la diffusion de spectacles, mais aussi la recherche sur notre rapport au processus de vieillissement, au regard sur les femmes ou hommes âgés, en faisant appel aux sciences, dans une série de collaborations avec la sociologie et les neurosciences.
Car on associe toujours la danse à certains stéréotypes d’une jeunesse pétant d’énergie et de fraîcheur, sans doute plus encore en Allemagne qu’en France. L’existence même d’une compagnie aux interprètes de plus de quarante ans rappelle que la danse a plus de subtilité à offrir qu’un concours aux Jeux Olympiques. L’expérience, les nuances, la capacité à transmettre des sensations et la gamme élargie des émotions font des danseurs quadragénaires des interprètes subtils et plus à même de surprendre le spectateur.
Des interprètes aux carrières riches et multiples
Dance On est constitué des danseurs Ty Boomershine, Frédéric Tavernini, Brit Rodemund, Jone San Martin et Christopher Roman, le directeur artistique de la troupe et arrive au CN D avec une danseuse invitée, la chorégraphe Jeanine Durning. Roman est l’ancien assistant à la direction de William Forsythe et fut l’un des interprètes principaux de la compagnie. On connaît mieux Jone San Martin, également une ancienne interprète de Forsythe, comme chorégraphe et interprète de son mémorable solo Tourlourou, créé avec Carlotta Sagna.
Amancio Gonzales est, lui aussi, un ancien de la compagnie de Forsythe qui crée ses propres pièces depuis 1994. Brit Roesmund a dansé au Staatsoper (opéra national) de Berlin et Frédéric Tavernini s’est formé à l’école de l’Opéra de Paris avant de danser au Ballet de Nancy, au Lyon Opera Ballet, au Béjart Ballet Lausanne, aux Grands ballets Canadiens etc. Ty Boomershine, ancien assistant artistique de Lucinda Childs, a dansé dans les compagnies d’Emio Greco et Bill T. Jones et bien sûr dans celle de Lucinda Childs, entre autres dans la reconstruction d’Einstein on the Beach.
Un programme varié, de Forsythe à Jan Martens
Christopher Roman et son ensemble ont constitué un répertoire en invitant des chorégraphes contemporains à créer spécifiquement pour eux. Dont bien sûr William Forsythe. Mais aussi Deborah Hay, Jan Martens, Rabih Mroué et Kat Valastur, tout en reprenant des pièces de répertoire de Lucinda Childs.
Il sera alors possible de guetter les différences, chez un Jan Martens par exemple - que l’on connaît bien pour ses pièces basées sur l’épuisement physique - dans une écriture sans doute différente. Mais de quelle façon? Quand un jeune chorégraphe travaille avec des interprètes qui sont plus âgés que lui et ont accumulé des expériences chorégraphiques d’une telle diversité, comment se construit la relation entre eux et quelle vision de la danse en ressort?
Thomas Hahn
Du 4 au 7 avril, Dance On investit le CN D avec une série de spectacles, mais aussi des ateliers, dans le cadre de la série La Fabrique.
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