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Pour les 100 ans de Chaillot, spectacles et jeux en ligne

Chaillot se lance sur TikTok, et c’est bien plus qu’une réaction aux mesures sanitaires...

Cela commence à se faire savoir: Chaillot développe une stratégie pour approcher le public du XXIe siècle, ces spectatrices et spectateurs qui sont aujourd’hui des adolescents accros aux téléphones portables et aux réseaux sociaux. Le signe le plus actuel et le plus visible de cette révolution culturelle, déjà en route depuis un certain temps, est l’entrée en scène sur Tiktok, avec 100.000 personnes connectées pour une performance live, diffusée depuis Chaillot le 15 décembre. Pour entrer dans le jeu, on a donc entamé une partie de tik-tok avec Fanny Cohen, secrétaire générale du Théâtre national de la Danse. 

Danser Canal Historique : Chaillot sur TikTok, pourquoi et comment? 

Fanny Cohen : C’est simple. Tiktok est le dernier réseau social à avoir été créé, devenu l’application la plus téléchargée en France en 2020. Il a été introduit en France en 2018 et s’adresse à un public très jeune. Il s’agit donc de renouer avec l’esprit du Théâtre National Populaire de Jean Vilar, dans l’environnement qui se met en place. Nous allons adopter les codes de ces jeunes communautés pour parler de ce que nous sommes et raconter nos histoires, qui sont des histoires d’artistes. 

DCH : Tiktok a été développé par une boîte appelée ByteDance. Un signe? 

Fanny Cohen  : Nous allons sur TikTok puisque c’est une plateforme créative qui s’est faite connaître grâce à des challenges en danse. C’est pourquoi il nous paraît naturel que le Théâtre National de la Danse soit le premier théâtre à être présent sur TikTok. La danse est un art qui inspire énormément sur les réseaux sociaux. Nous voulons nous adresser au public de cette tranche d’âge, comme nous le faisons aussi dans le cadre de notre convention avec le CNSMDP, le Conservatoire, où Chaillot est une sorte de pont. 

DCH : Les différences avec la communication au XXe siècle?  

Fanny Cohen Passer d’une logique informative, où on essaye de vendre des places de spectacles, à une communication où nous créons une communauté. Nous nous adressons au public sur les réseaux sociaux par des contenus pédagogiques ludiques en utilisant la « gamification » qui est un langage des réseaux sociaux, et en créant un magazine en ligne qui est éditorialisé selon des thématiques spécifiques. C’est un genre appelé « editainment » que nous déclinons sur Facebook, Instagram et TikTok. 

DCH : Tout passe par le jeu, alors? 

Fanny Cohen  : Sans doute. Nous créons justement des jeux en ligne pour former une communauté active qui s’approprie nos contenus. Cette communauté virtuelle peut ensuite se transformer en public actif. Nous avons par exemple créé un jeu en ligne autour du Lac des Cygnes ou un autre autour des 100 ans de Chaillot. C’est notre manière de réinventer la médiation culturelle, bien sûr en continuant le travail dans les écoles et ailleurs. 

DCH : Le but final ? 

Fanny Cohen : Rendre compte de la richesse des activités de Chaillot, dans son ancrage sociétal et son positionnement avec ses fortes valeurs d’hospitalité, d’engagement et de convivialité. Pour parler de tout ça, nous avons créé un concept appelé Chaillot Experience ou Vivre Chaillot. En gros, c’est plus qu’un lieu, c’est une expérience, un lieu qui a son histoire et sa vision du monde. 

DCH : Le rôle du coronavirus dans tout ça ? 

Fanny Cohen : Certes, nous sommes confrontés au défi de conserver le lien avec notre public alors que le théâtre doit fermer ses portes, et nous devions nous adapter rapidement à cette situation. Mais nous sommes dans une logique à long terme pour inciter le public à s’engager activement et à influencer à son tour, pour que leur communauté devienne notre ambassadrice, à travers ce qu’on appelle les « user generated contents ». 

DCH : Kesako ? 

Fanny Cohen  : Quand le public devient créatif à son tour, par exemple en s’appropriant une de nos affiches en y intégrant son propre visage. Il est important que les lieux culturel s’approprient les modes d’expression et les codes culturels des « digital natives ». Ça nous demande un vrai effort d’adaptation.

DCH : TikTok et les arts, ça marche comment? 

Fanny Cohen  : Ça marche ! TikTok nous a proposé de nous associer à leur opération Culture TikTok, une semaine culturelle, avec un live. Les participants sont, entre autres, le Château de Versailles, le Musée du Quai Branly-Jacques Chirac et le Musée Picasso. Chaillot y est le seul représentant du spectacle vivant. Nous proposons pour ce live une visite du théâtre avec une performance. Didier Deschamps sera le guide et il ira à la rencontre des artistes : David Coria pour le flamenco, Thomas Bradley de la compagnie d’Emanuel Gat qui est en résidence chez nous pour travailler sur les costumes de leur prochaine création, Jann Gallois et Brigitte Seth/Roser Montlló Guberna ainsi que des élèves du Conservatoire. 

DCH : Il y aura-t-il donc une équipe de TikTok qui vient filmer ?

Fanny Cohen : Nullement ! Ce sera filmé par notre équipe maison qui assure notre communication et nos contenus sur les réseaux sociaux. Et ce sera filmé à la manière de ces réseaux, à savoir avec le téléphone portable et de façon très spontanée, pour permettre au public de TikTok de rentrer dans notre univers. 

DCH : Mais Chaillot est aussi présent sur les autres réseaux sociaux...

Fanny Cohen Bien sûr. Et pour chaque réseau social – Facebook, Instagram, Twitter, TikTok – nous devons produire des contenus très spécifiques. Sur Facebook nous sommes suivis par 30.000 personnes, sur Instagram par près de 11.000 et sur Twitter par 21.000. Ensuite, 60.000 sont inscrits à notre newsletter. Nous verrons combien nous pourrons réunir sur TikTok. Nous avons dores et déjà commencé à y poster des vidéos brèves avec notre artiste associé Damien Jalet. 

Propos recueillis par Thomas Hahn

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