Piano Piano : Entretien avec Petter Jacobsson et Thomas Caley
For Four Walls, la nouvelle création de Petter Jacobsson et Thomas Caley imaginée pour le centenaire de Merce Cunningham, sera présentée dans le cadre de Piano Piano, dernier programme de saison du Ballet de Lorraine. Dans la même soirée, Olivia Granville présentera sa création Jour de colère. Entretien avec Petter Jacobsson et Thomas Caley.
Danser Canal Historique : Four Walls et For Four Walls : quelle est la différence entre votre pièce et l'original de Cage-Cunningham?
Petter Jacobsson et Thomas Caley : Au départ, nous avons eu une commande d'un théâtre en Italie pour le Centenaire de Merce Cunningham. Il s'agissait de faire quelque chose sur la musique de Four Walls. Nous avons donné notre accord en précisant que nous n'allions pas recréer une pièce de 1944 qui n'existe pas et dont la reconstitution ne nous intéressait pas. Notre idée était de travailler sur les notions de pré et de post-Cage/Cunningham. Le "pré", c'est ce qui avait été produit avant cette oeuvre, leur deuxième ou troisième collaboration, qui a commencé à clarifier et permis d'identifier le langage du compositeur et du chorégraphe. Nous avons jugé utile de faire cette recherche-là. Le "post", c'est le rapport de Tom et moi avec Cunningham. Il ne s'agit donc pas d'une recréation de Four Walls mais d'un regard sur cette pièce.
DCH : Pouvez-vous nous dire un mot du décor ?
Petter Jacobsson et Thomas Caley : Nous avons imaginé pour cette pièce une scénographie à base de deux miroirs disposés à 90°. Dans un tel espace, le danseur est vu quatre fois...
DCH : Dans votre texte de présentation du programme, vous parlez aussi du silence. Comment avez-vous traité ce concept « cagien » ?
Petter Jacobsson et Thomas Caley : Nous avons pensé au silence musical mais également au silence spatial. On pourra voir par exemple une scène avec les danseurs qui chantent mais hors champ, le cadre de scène étant complètement nu. Nous avons traité la question de différentes manières.
DCH : Vous parlez de l'importance du "moment présent", ce qui nous ramène à Relâche que vous aviez remonté et qui était présenté par Picabia comme un "ballet instanténéiste"...
Petter Jacobsson et Thomas Caley : Les miroirs, dans certaines parties de la pièce, ne constituent pas simplement un décor. C'est également pour les danseurs un moyen de trouver leur danse à ces moments précis. En ces endroits-là, la structure est ouverte et les interprètes recourent aux miroirs. Ce ne sont pas à des corps réels qu'ils se réfèrent alors mais à des images. Les murs deviennent en un sens des moyens de surveillance...
DCH : La pièce est dansée par combien de danseurs ?
Petter Jacobsson et Thomas Caley : Par toute la compagnie.
Propos recueillis par Nicolas Villodre le 14 mai 2019
Opéra de Lorraine
Jeudi 23 et vendredi 24 mai 2019 à 20h
Dimanche 26 mai 2019 à 15h
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