Ouverture de la 12 ème édition de June Events
Le mardi 5 juin, Ayelen Parolin et Katerina Andreou ont ouvert le festival June Events, une soirée d’ouverture qui s’est révélée étonnante.
Et samedi 2 juin, en prélude à cette soirée d'ouverture, Julie Nioche a présenté trois opus de Rituel pour une géographie du sensible en compagnie de Filiz Sizanli, Mustafa Kaplan et le musicien Alexandre Meyer, au Bal, un magnifique lieu essentiellement dédié à la photo.
Sur tous les murs et sur une longue table est exposée une installation de Batia Suter. Fragmentés, dissociés, visages et corps peuplent tout l’espace peu à peu contaminé par une pulsation de formes qui semble animée d’une logique organique propre. Lorsque le public entre dans la salle, les quatre interprètes jouent de la guitare et laissent ainsi le temps de contempler les multiples photos et de voir au sol un long parcours de papier immaculé blanc comportant des plans inclinés, de hauts rectangles et une petite maison.
Julie Nioche invite les quelques quarante spectateurs à se munir d’un feutre de couleur afin d’effectuer des dessins de leurs choix sur ce chemin en débutant où bon leur semble, mais surtout sans jamais lâcher le stylo… S’ensuivent des séquences loufoques où, certains doivent se chevaucher pour se croiser, s’allonger au sol pour laisser place à un autre, changer de coté pour trouver un nouvel angle… soit des positions parfois drôles car chacun joue le jeu. Trois quart d’heure après, des lignes, des ronds, des carrés, des frises, de toutes les teintes s’enchevêtrent dans tous les sens. Puis les trois danseurs improvisent quelques pas de danse sur cette œuvre éphémère. Ceci donne le sentiment qu’il existe une alchimie entre cette performance des amateurs et la forme poétique du photographe.
Il était prévu deux autres séances d’une heure totalement différentes. Mais grève de la SNCF oblige, impossible d’y assister.
Le lendemain dans le Parc de Bercy envahi par une trentaine de chorégraphes disséminés dans tous les lieux, Saïdo Lehlouh de la compagnie Black Sheep, a dansé un court extrait de Wild Cat sur une pelouse peu plane cernée par des familles et leurs bambins tous ébahis de voir de tels mouvements de hip-hop à la fois gracieux et périlleux. Les cinq danseurs développent une esthétique tout en finesse qui rappelle la délicate façon de bouger d’un chat. Un charmant moment sous le chaud soleil de début juin.
.Le 5 juin, la soirée d’ouverture s’est révélée étonnante. A l’Atelier de Paris, Katerina Andreou a captivé et envouté le public avec BSTRD. Une pièce époustouflante d’intelligence et d’interprétation. (Lire notre critique)
Au théâtre de l’Aquarium, une autre femme chorégraphe, Ayelen Parolin, originaire d’Argentine qui vit et travaille à Bruxelles. Avec Autóctonos II, elle propose un quintet entre une pianiste-compositeure et quatre danseurs (trois femmes et un homme).
Coté jardin, Lea Petra face à son piano. Au centre, sur un sol blanc, les autres interprètes se lancent dans de courts déplacements effectués par les pieds en glissés latéraux. Le regard dans le vide, ils ressemblent à des mannequins installés sur des pivots tant aucun autre partie du corps ne bouge. Tous ensembles ils forment un groupe imperturbable tout en tournoyant, s’éloignant, se rapprochant, puis repartant toujours sur le même rythme.
De son coté, Lea Petra insuffle une musique incroyable. Elle est un spectacle à elle toute seule tant les sons inimaginables qu’elle fait naitre de son instrument sont non seulement extrêmement différents, mais créent une œuvre globale entre tapements, battements, effleurements, échos, parfois aussi quelques notes de piano. Soit une femme orchestre au talent fou et une composition musicale très contemporaine et splendide qui accompagne savamment les interprètes.
Les danseurs élèvent ensuite un bras ou une épaule. Puis, d’un coup, tout se détraque comme des robots en fin de course. Les corps s’éveillent, se meuvent dans tous les sens, se détraquent, rien ne va plus, c’est le chaos dans cette communauté où règnent l’obéissance et le conditionnement du meilleur des mondes.
Enfin, le quatuor se reprend, oublie les fragilités humaines et recommence à dessiner l’ordre, l’uniformisation et la stabilité. Les notes s’amplifient, résonnent, claquent. Noir !
Une pièce qui intrigue et subjugue grâce à son écriture chorégraphique, par la parfaite interprétation et excellente technique des danseurs et surtout par la musique émanant du génie de Lea Petra.
Sophie Lesort
Spectacles vus les 2, 3 et 5 juin 2018
June Events, jusqu’au 22 juin
Rituel pour une géographie du sensible – 27/28 juillet Migrations festival / National Theater Wales ; 13 octobre - théâtre Brétigny ; 20/22 janvier - festival Trajectoires, Nantes, avec le théâtre OnYx ; 17 février - scènes de pays de mauges ; 30 mars / 4 avril - le grand R - La Roche sur Yon
Conception, chorégraphie et interprétation : Julie Nioche, Mustafa Kaplan et Filiz Sizana
Musique et interprétation : Alexandre Meyer
Wild Cat
Vendredi 8 juin à 18 h, place de l’église à Vincennes dans le cadre de June Events.
Puis - 14 juin : Festival Trax, Saint-Etienne ; 14 et 15 juillet : Lieux Mouvants – Lanrivain ; 17 octobre: Festival Karavel, Bron - Version longue (45 mn) - Octobre : Festival les Transurbaines, Clermont Ferrand; 14 novembre : Hip Hop en création, Montpellier ; Festival Shake La Rochelle, CCN de La Rochelle ; Décembre 2018 : 1er au théâtre de la Nacelle - Aubergenville et du 19 au 21 au théâtre 71 ; Entre le 12 et le 24 avril 2019 : 3 représentations, La Villette, Paris
Conception et chorégraphie : Saïdo Lehlouh
Interprétation : Thimothée Lejolivet, Ilyess benali, Hugo de Vathaire, Kaê Carvelho, Saïdo Lehlouh
Compositeur : Awir Léon
Autóctonos II – chorégraphie : Ayelen Parolin
Interprétation : Daniel Barkan, Jeanne Colin, Marc Iglesias et Eveline Van Bauwel
Création et interprétation musicale : Lea Petra
Costumes : Ayelen Parolin
Lumières : Laurence Halloy
Exposition Batia Suter au Bal jusqu’au 26 août
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